Devant l’afflux de témoignages de femmes se plaignant de recevoir des photos de pénis non sollicitées, Alexandra Marcotte a lancé une étude, rapportée dans The Journal of Sex Research, qui se focalise sur cette problématique du côté des États-Unis.
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La chercheuse, spécialisée dans les intersections entre “les nouvelles technologies de communication […], la sexualité et l’intimité”, a souhaité s’intéresser aux différences de réaction entre des femmes de toutes sexualités (elles sont 2 045 à avoir participé à l’étude) et des hommes homosexuels et bisexuels (ils sont 298 à avoir répondu aux questions) :
“Ce projet m’a particulièrement intéressée, parce que la pratique d’envoyer des dick pics est devenue très commune et est très discutée, mais il y a peu d’études sur le sujet, surtout concernant les hommes gays et bisexuels”, a déclaré Alexandra Marcotte au magazine Psy Post.
80 % des hommes interrogés dans le sondage affirment avoir déjà reçu une dick pic, contre 50 % des femmes. Parmi toutes ces personnes, 90 % rapportent qu’au moins une de ces images a été envoyée sans leur consentement, plus spécifiquement : “90,7 % de femmes hétérosexuelles ; 91,3 % de lesbiennes ; 90,8 % de bisexuelles ; 88,1 % d’hommes homosexuels et 82,1 % de bisexuels.”
Une étude publiée à l’été 2019 révélait que 44 % des hommes émetteurs de dick pics les envoyaient dans un “esprit transactionnel” – la moitié de cette portion espérant “recevoir des photos sexy en retour”. L’étude d’Alexandra Marcotte semble démontrer que ces espoirs sont vains. En effet, 50 % des femmes questionnées ont affirmé se sentir “dégoûtées” lorsqu’elles recevaient des images d’organes génitaux sans rien avoir demandé. 46 % ont ressenti cela comme un “manque de respect” et 26 % ont rapporté “une réaction positive”.
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Une étude en demi-teinte
En ce qui concerne les hommes bis et gays interrogés, 44 % d’entre eux ont raconté être “divertis” par ces envois, 41 % se sont dits “curieux” et un quart des 298 hommes a rapporté “une réaction négative”. Pour Alexandra Marcotte, “l’information principale à retenir est que le consentement et la communication sont primordiaux”. Cela semble évident, mais étant donné le nombre d’envois non sollicités, le “dégoût” et le sentiment de manque de respect ressentis par un grand nombre de femmes, l’information mérite sans doute d’être répétée.
Le manquement de cette étude réside dans la disparité entre le nombre de femmes interrogées et d’hommes interrogés, ainsi que l’absence d’un objet d’étude : les hommes hétérosexuels. La chercheuse s’en rend bien compte et espère d’ailleurs offrir un deuxième volet à cette recherche :
“J’adorerais mener une étude sur la façon dont les hommes qui s’identifient comme hétérosexuels réagissent lorsqu’ils reçoivent des dick pics non sollicitées. Un problème technique lors de notre sondage nous a empêchées de recueillir ces informations, mais je pense que cela pourrait aider notre compréhension concernant cette pratique.”