Au moment où la bataille de Mossoul bat son plein et alors que l’armée irakienne a réussi à pénétrer dans cette ville prise en otage par l’organisation État islamique, les trois reporters Ayman Oghanna, Alice Martins et Cengiz Yar documentent le conflit sur Instagram.
Parmi tant d’autres, Ayman Oghanna, Alice Martins et Cengiz Yar font partie des photojournalistes qui se sont rendus en Irak pour couvrir la bataille de Mossoul. Outre les images du conflit qu’ils publient dans des journaux tels que le Washington Post, Time et Libération, ils nous permettent de suivre la bataille en direct, depuis leur compte Instagram.
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Une nouvelle manière de traiter la guerre
Avec les hashtags #isis, #afterisis, #mosul et #roadtomosul, vous pouvez suivre cette bataille sur les Instagram des soldats, des journalistes ou des personnes présentes là-bas. Loin du papier glacé des journaux ou des éditions spéciales sur iTélé, c’est une nouvelle révolution dans le traitement de la guerre et de l’information qui s’opère sur le réseau social, en images.
Sur les comptes d’Ayman Oghanna, Alice Martins et Cengiz Yar, nous vivons l’action au cœur du conflit et dans le vif de la guerre. Dans leurs fils Instagram, ils partagent un peu de leur quotidien. Nous suivons ainsi des soldats dans leurs chars ou portant secours aux habitants.
Nous pouvons aussi voir des snipers à l’œil aguerri et concentré, des enfants portés avec tendresse et des femmes en pleurs. Chaque étape de leur parcours est immortalisée par un post Instagram. Découverts sur BuzzFeed, nous nous sommes arrêtés sur ces trois profils.
Ayman Oghanna : tendresse et humanité au cœur des combats
Ayman Oghanna est un journaliste irako-britannique qui suit les forces spéciales irakiennes. Il travaille pour le collectif Frontline Freelance Register et n’en est pas à sa première bataille : en se rendant à Gaza, en Libye ou encore en Afghanistan, il a vu pas mal d’horreurs cette année.
Si on en croit les images, le photographe accompagne les soldats irakiens essentiellement lors d’assauts contre des petits villages pris en otage par les djihadistes. Il décrit dans chaque légende le contexte de la photo et attache une attention particulière aux moments de tendresse et d’humanité qui apparaissent lors de ces opérations de sauvetage.
Difficile de rester de marbre, en tant que soldat, quand on assiste à cet enfer. À travers une lumière solaire, nous voyons une femme enlacer un soldat, ou un soldat tenant la main d’un enfant tout en lui souriant affectueusement.
Cengiz Yar, une atmosphère apocalyptique étouffante
Moins sur le vif et plus dans le recul, le photographe américain Cengiz Yar couvre essentiellement les conflits dans la ville de Qayyarah, située au Sud de Mossoul. Dans des tons plus obscurcis par la fumée dense et grise, il fige les soldats et les civils. Au milieu d’une atmosphère apocalyptique et étouffante, il réalise un vrai travail de composition.
L’image la plus marquante que nous retenons (ci-dessous) est celle de ces deux enfants qui se tiennent la main et qui marchent vers un bâtiment en flammes enveloppé par une fumée épaisse — sans oublier pour autant la photo de ce militaire local qui regarde un ciel chargé de terreur, perdu au milieu de geysers de fumée.
Alice Martins, au plus près des civils
Notre série de profils s’achève avec Alice Martins, plus proche des civils que des soldats. Travaillant en freelance, cette photographe brésilienne était récemment à l’aéroport militaire de Qayyarah (qui fut tenu par l’EI jusqu’en juillet, avant de servir de QG à la coalition anti-Daech).
Deux photos sortent du lot parmi ses posts : celle d’enfants au regard meurtri qui attendent les obsèques de leur cousin de trois ans et de sa grand-mère, et celle de ces hommes (ci-dessous) qui creusent les tombes de trois frères tués par l’EI, pendant une bataille à Hod au cours de laquelle ils ont été utilisés comme boucliers humains.