Retour sur la carrière faste de l’architecte Ricardo Bofill

Retour sur la carrière faste de l’architecte Ricardo Bofill

Image :

© AFP

photo de profil

Par Konbini avec AFP

Publié le , modifié le

L’architecte espagnol Ricardo Bofill est mort à l’âge de 82 ans.

Le célèbre architecte espagnol Ricardo Bofill, qui a signé plus de 1 000 projets dans le monde entier et était particulièrement renommé en France, est décédé à Barcelone, le vendredi 14 janvier, à 82 ans, suite à des complications liées au Covid-19, a annoncé sa famille à l’AFP. Dans un communiqué, son atelier, le Ricardo Bofill Taller de Arquitectura (RBTA), a rendu hommage “à l’architecte espagnol ayant eu la plus grande carrière internationale”.

À voir aussi sur Konbini

Né le 5 décembre 1939 à Barcelone d’un père architecte catalan et d’une mère vénitienne, Ricardo Bofill Levi avait entamé ses études en 1957 à l’École d’architecture de Barcelone, d’où il avait été exclu pour militantisme anti-franquiste, avant de poursuivre ses études à Genève. Après ses études, il rejoint, dans une Espagne toujours sous la coupe du dictateur Francisco Franco (de 1936 à 1975), un groupe d’intellectuel·le·s baptisé la “Gauche divine”.

“Architecte-star”

Fondé en 1963, son atelier d’architecture, le Ricardo Bofill Taller de Arquitectura, installé dans une vieille cimenterie de la périphérie de Barcelone, a signé plus de 1 000 projets dans le monde entier, notamment l’aéroport de Barcelone, le Théâtre national de Catalogne, le Palais des Congrès à Madrid ou les gratte-ciel Donnelley et Dearborn à Chicago.

“Architecte-star”, très renommé – mais parfois critiqué – en France, Bofill voulait avant tout placer l’être humain au centre de l’espace. “L’architecture est la victoire de l’homme sur l’irrationnel”, aimait-il dire, porté par l’obsession de créer un “langage” architectural différent, organisant l’espace autour de l’être humain, et de créer des utopies urbaines “dans un langage classique hautement monumental à une échelle jamais vue auparavant”, écrit Douglas Murphy dans le livre Ricardo Bofill: Visions of Architecture.

Bofill a signé de grands ensembles d’habitat social, comme les Espaces d’Abraxas à Noisy-le-Grand, en banlieue parisienne, où ont été tournées plusieurs scènes de Brazil, film culte d’anticipation de Terry Gilliam (1985), ou le quartier Antigone à Montpellier. Mais sur le terrain, dégradés et critiqués par certain·e·s habitant·e·s, les Espaces d’Abraxas ont bien failli être démolis. “Les démolir serait un manque de culture”, avait estimé Ricardo Bofill dans un entretien au Monde en 2014, tout en reconnaissant n’avoir “pas réussi à changer la ville”.

Fait docteur honoris causa par l’Université polytechnique de Catalogne en septembre 2021, Bofill avait alors souligné que “face au modèle de ville-dortoir”, il avait fait “le pari de créer des quartiers avec des fonctions mêlées, mais toujours en défendant la continuité urbaine, la rue et la place” comme lieux de vie sociale à un moment où, aux États-Unis en particulier, les centres-villes disparaissaient pour laisser la place à la voiture et à des centres commerciaux.

Villages touaregs

Obsédé par l’organisation de l’espace, Ricardo Bofill s’est inspiré notamment de l’architecte italien Andrea Palladio, de la Renaissance, ou encore des architectes français des XVIIe et XVIIIe siècles François Mansart et Claude-Nicolas Ledoux. Mais aussi de villages touaregs où ce “nomade” autoproclamé est allé chercher des idées au début de sa carrière.

“Je crois savoir faire deux choses : […] concevoir des villes […] et tenter d’inventer des langages architectoniques différents et ne jamais les répéter”, soulignait-il en juin 2021 lors d’une conférence à Barcelone. Un rejet de la répétition qui lui faisait aimer Antonio Gaudí, Catalan comme lui, qu’il qualifiait de “plus grand génie de l’Histoire” qui “ne répétait jamais deux éléments ou formes”.

Récompensé par de nombreux prix d’architecture internationaux, Ricardo Bofill était officier de l’ordre des Arts et des Lettres français. Au fil de sa carrière, Bofill est entré dans le club très fermé des “architectes-stars” dont font partie Norman Foster, Renzo Piano ou Jean Nouvel. “Le star-system m’a attrapé en France en 1974. À cette époque, les architectes commençaient à être importants, à avoir un rôle prépondérant dans la société et cela m’a forgé une grande réputation”, affirmait-il dans un entretien publié en mai 2020 par le quotidien espagnol ABC.

Konbini arts avec AFP.