Beyrouth fascine et parfois, il y a des gens qui s’arrêtent sur les détails de ses murs et de son architecture. C’est ce que fait l’instagrameur Serge Najjar : il pose un nouveau regard sur la capitale libanaise.
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“L’important, c’est pas ce qu’on voit mais comment on le voit” : ce sont les mots que le photographe libanais Serge Najjar (alias @serjios) a écrit dans sa biographie Instagram, et cette citation illustre parfaitement son talent et son travail. Originaire de Beyrouth, Serge a baigné dans cette culture et a grandi au milieu de ces bâtiments en ruines, en construction et en reconstruction. Depuis sa tendre enfance, cette ville est sa première source d’inspiration, avec toute l’énergie que ses rues dégagent.
Une esthétique abstraite
À la recherche constante d’architectures singulières à capturer, il réalise des photos minimalistes, abstraites et colorées où les murs deviennent des motifs, où les ombres rajoutent de la profondeur et où les figures humaines se distinguent à peine. Captivé, il prend toutes ses photos en se baladant au quotidien et en se perdant au milieu de ces façades variées, entre nouveau modernisme et cité antique.
Il faut dire que c’est une ville pleine de ressources, qui accueille de plus en plus de jeunes cabinets d’architectes et de designers : en novembre dernier, la ville a inauguré l’ouverture de l’Aïshti Foundation. La ville commence à se remplir de formes géométriques répétitives, de motifs hauts en couleur et d’immeubles modernes. Serge Najjar confie à Lens Culture :
“Chaque samedi, je conduis ma voiture à un endroit que je ne choisis pas à l’avance. Je me laisse guider par mon instinct, par la lumière et tout ce qui attire mon œil. À un moment, je vais décider de m’arrêter, de prendre place, et tout ce que j’ai à faire ensuite, c’est d’attendre que quelque chose se passe.
Dans la plupart des cas, ce qui capte mon attention, ce sont les détails architecturaux. Mon but est d’essayer d’être au plus prêt de l’abstraction (dans le monde réel). J’essaye d’observer les choses qui m’entourent à travers un nouveau regard.”
C’est dans sa ville qu’il pratique son art, jusqu’à la transformer. Au magazine Wired, Serge explique :
“Beyrouth est un endroit fantastique pour un admirateur d’architecture comme moi. Les constructions s’enchaînent depuis la fin de la guerre civile et le pays a une variété infinie d’immeubles. La photographie m’a fait réaliser que je ne connaissais pas si bien mon pays, pas autant que je ne le pensais, en tout cas, qu’il était possible de le contempler avec un autre regard et de redéfinir tout ce que je vois à travers la photographie et ma subjectivité.”
Le simple fait de photographier lui offre une nouvelle perspective sur le monde, de penser des angles, des formes et des ombres, de jouer avec le clair-obscur. Et c’est manifestement réussi.