Valerie Solanas fut une enfant victime de violences sexuelles avant d’être étudiante star de l’université du Maryland, puis sans-emploi, droguée et prostituée. Elle était chercheuse, dramaturge, queer avant l’heure, révolutionnaire et misandre. Elle était violente, extrême et drôle. C’était une figure féministe avant-gardiste, complexe et paradoxale, dont on ne sait que peu de choses.
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De ses écrits, il ne reste que le SCUM Manifesto (pour “Society for Cutting up Men”), un pamphlet féministe radical qui déclare la toute-puissance de la femme et sa supériorité sur l’homme, “cette femme ratée”. Sa mère, Dorothy Solanas, a brûlé tous ses écrits après sa mort. Mère absente, elle a pourtant hanté la vie de sa fille.
New York, Valerie Solanas, accusée d’avoir tiré sur l’artiste Andy Warhol, arrive au commissariat de police de Manhattan, le 3 juin 1968. (© Stan Wolfson/Newsday RM/Getty Images)
“Souvenez-vous que je suis la seule femme ici qui ne soit pas folle”
De Valerie, on ne retiendra que sa tentative d’assassinat d’Andy Warhol, de trois coups de revolver dans le torse, le 3 juin 1968. Déclaré cliniquement mort, Warhol survivra finalement mais restera changé à jamais.
Avant de passer à l’acte, la féministe a entretenu une relation ambiguë avec Warhol. Entre amour et admiration, elle a également été le sujet de son art et, durant ses années new-yorkaises, Solanas a beaucoup fréquenté la Factory, l’atelier du pape du pop art américain, lieu de débauche et de création.
La couverture du “S.C.U.M. Manifesto”, de Valerie Solanas.
Mais Warhol finira lui aussi par se désintéresser de Valerie Solanas et perdit l’unique exemplaire de sa pièce Up Your Ass, qui ne sera retrouvé que trente ans après sa mort dans une malle, alimentant ainsi la névrose obsessionnelle de son auteure. Elle qui ne voulait pas d’avocat a organisé sa défense autour de cette déclaration : “Lisez mon manifeste, il vous dira qui je suis.”
Suite à sa tentative de meurtre sur Andy Warhol, Valerie Solanas été internée pendant plus de dix ans. Elle sera retrouvée morte à l’âge de 52 ans des suites d’une overdose dans la solitude d’un petit hôtel de San Francisco. Son corps sera découvert cinq jours après sa mort, rongé par les asticots.
Les cicatrices d’Andy Warhol. (© Richard Avedon)
Une du “Daily News”, du 4 juin 1968, soit un jour après la tentative d’assassinat de Valerie Solanas. “Une actrice tire sur Andy Warhol : ‘Il contrôlait ma vie’.”