Qui était Tim Page, photographe de la guerre du Vietnam et des contre-cultures décédé hier ?

Qui était Tim Page, photographe de la guerre du Vietnam et des contre-cultures décédé hier ?

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© Paramount Pictures, Lionsgate, StudioCanal, Miramax, United Artists, StudioCanal UK

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Par Konbini avec AFP

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“Une bonne photo de guerre, c’est une photo contre la guerre”, affirmait celui qui aurait inspiré le personnage de Dennis Hopper dans le film Apocalypse Now.

D’ancien·ne·s consœurs et confrères de Tim Page, légendaire photographe de la guerre du Vietnam, ont salué la carrière d’un “mentor” et d’un “talent extraordinaire” après sa disparition ce mercredi 24 août en Australie, à l’âge de 78 ans, des suites d’un cancer. Le photojournaliste anglais, dont la carrière s’est étendue sur plus d’un demi-siècle au gré d’innombrables événements, est resté célèbre pour sa série d’images poignantes de la guerre du Vietnam.

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Un appareil photo Leica en bandoulière et une cigarette aux lèvres ou quelque chose de plus fort, Tim Page a traversé une grande partie des années 1960 en parcourant la “péninsule indochinoise” pour réaliser des clichés qui allaient définir tout autant la guerre qu’une époque. “Une bonne photo de guerre, c’est une photo contre la guerre”, disait-il en interview un demi-siècle plus tard. “La couverture médiatique a influencé l’opinion publique.”

Le 28 avril 2015, les photographes de la guerre du Vietnam Nick Ut (à gauche, célèbre pour son image de “La petite fille au napalm”, prise en 1978) et Tim Page (à droite) lors d’une réception donnée en l’honneur des journalistes et vétérans de la guerre du Vietnam dans le cadre du 40e anniversaire de la chute de Saïgon, dans le sud de Hô Chi Minh-Ville. L’événement marque l’anniversaire de la capture de Saïgon par les forces du Nord-Vietnam, l’événement qui a mis fin à une guerre de 30 ans, qui a tué près de 4 millions de Vietnamien·ne·s selon le gouvernement vietnamien et 58 000 soldats états-unien·ne·s, selon le Ministère de la Défense des États-Unis. Le Vietnam se réfère à l’événement comme la date de sa réunification. (© Reuters)

L’emblème d’une génération

Attachant et charismatique, Tim Page se lance dans le journalisme alors que la guerre du Vietnam s’intensifie, finissant par devenir l’emblème d’une génération de photojournalistes “gonzo”, intrépides et non conventionnel·le·s. Tim Page aurait même inspiré le personnage joué par Dennis Hopper dans le long métrage de Francis Ford Coppola Apocalypse Now.

Mais le Vietnam affecte sa vie privée autant que sa carrière professionnelle : le photojournaliste met plus d’une décennie à se remettre de ses blessures infligées par la guerre et, par la suite, dira ouvertement souffrir de stress post-traumatique.

En tant qu’homme, Tim Page “ne plaisait pas à tout le monde”, explique son ami Luke Hunt, mais il était souvent très disponible et constituait un mentor avisé pour les jeunes photographes cherchant à suivre ses traces. “C’était un écrivain doué […], un talent extraordinaire”, ajoute-t-il.

Une vie passée à documenter et rendre hommage

Au début des années 1990, Tim Page s’installe au Cambodge et travaille pour plusieurs médias, dont l’AFP. Par la suite, il s’intéresse au maintien de la paix et honore la mémoire des journalistes ayant perdu la vie sur des terrains de guerre, cherchant pendant des années à élucider la disparition de ses amis Sean Flynn et Dana Stone, présumés tués par les Khmers rouges.

En 1997, il codirige un ouvrage intitulé Requiem, qui retrace le parcours de 135 photojournalistes mort·e·s durant la guerre d’Indochine, puis celle du Vietnam. “Il en a presque fait la quête de sa vie. En fin de compte, il a réussi à [leur] rendre hommage”, observe son ami Mark Dodd, qui décrit Tim Page comme un fervent “étudiant de la condition humaine”.