Le château de Chantilly accueille jusqu’au 2 octobre 2022 une rétrospective consacrée aux gravures du grand maître allemand de la Renaissance, Albrecht Dürer (1471-1528). Il s’agit de la première rétrospective en France depuis vingt-cinq ans.
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Quelque 200 œuvres, appartenant pour la plupart aux collections de la Bibliothèque nationale de France et du château de Chantilly, sont exposées dont une série de gravures de l’Apocalypse (1498), premier livre illustré de l’artiste et l’un de ses plus grands chefs-d’œuvre.
L’insatiable curiosité de Dürer lui a valu le surnom de “Léonard de Vinci du Nord”. Il a fait le tour de l’Europe et a révolutionné le monde de l’art avec un premier livre illustré dans lequel les gravures occupaient toute la page, reléguant le texte au second plan et dessinant à la perfection des animaux comme le rhinocéros alors qu’il n’en avait jamais vu.
Parmi les nombreuses pièces exposées consacrées à la nature : une tête de cerf percée d’une flèche après une partie de chasse, datée de 1504 et qui a rarement quitté les archives françaises, selon Mathieu Deldicque, l’un des commissaires de l’exposition.
“C’est vraiment Dürer qui portera la gravure au niveau de la peinture, avec la même considération artistique”, souligne-t-il. Apprenti orfèvre auprès de son père, il a appris très tôt à se servir du burin pour reproduire des tableaux de maîtres. Cette technique, d’abord sur plaque de bois puis sur cuivre, va être pleinement intégrée dans la conception des livres dans l’Europe du XVIe siècle, où la naissance de l’imprimerie accélère de façon radicale la circulation du savoir, explique M. Deldicque.
Dürer, également peintre, séduit ses homologues contemporains et notamment Raphaël, maître de la Renaissance italienne, avec qui il devient ami à la suite d’un voyage en Italie en 1505. Il va démocratiser l’art en ouvrant son atelier, en engageant des vendeurs pour placer ses centaines de gravures sur les marchés ou les foires, “à tous les prix”, souligne M. Deldicque.
Né à Nuremberg, Dürer côtoyait les principaux humanistes de son temps, dont Érasme de Rotterdam. Lorsque la révolution luthérienne éclate, il sympathise avec les nouvelles thèses protestantes. Il veille néanmoins à conserver des liens étroits avec le pouvoir et se rend à Aix-la-Chapelle en 1520 pour assister au couronnement du nouvel empereur, Charles Quint, qui lui renouvelle sa pension d’artiste parmi ceux les plus admirés de la cour des Habsbourg.
Konbini arts avec AFP