Qu’est devenu Ben, l’artiste qui ornait nos trousses et nos agendas du collège ?

Qu’est devenu Ben, l’artiste qui ornait nos trousses et nos agendas du collège ?

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© Bertrand Rindoff Petroff/Getty Images

Ben a marqué notre enfance et si vous êtes d’humeur nostalgique, l’artiste de 87 ans présente une nouvelle exposition.

Vous le connaissez tou·te·s, son nom, sa graphie, ses phrases accrocheuses qui laissent songeur·se… Ben Vautier, plus connu sous son nom d’artiste “Ben”, a marqué notre enfance. L’artiste est aujourd’hui âgé de 87 ans et présente une exposition à Fondation du Doute de Blois pour célébrer les 60 ans du mouvement avant-gardiste Fluxus, dont Yoko Ono et lui-même furent les têtes de proue. Jusqu’au 27 novembre 2022, Ben y présente “L’Ego indestructible”.

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“Je voulais tout remplir dans l’exposition. Mais, non, je ne vais rien donner”, sourit Ben Vautier. “Je donne un vide sur le questionnement de l’ego. C’est tout. […] Le questionnement, c’est la matière première de l’expo mais, il y a plus fort que moi, il y a Duchamp. Moi, je ne suis que le sous-fifre.”

Le public trouvera donc ses illustres messages, sous la forme d’interrogations questionnant l’ego dans l’art. “L’art ment-il ?”, “Pourquoi signer ?”, “L’ego était-il là au début des temps ?”, interpellent ainsi le public, qui pourra bien sûr lui répondre dans des urnes consacrées.

Car Fluxus demande une participation. “Il y a un rapport de Fluxus au collectif : il faut s’impliquer dans la création”, estime la chargée de médiation, Marion Louis. “Il s’agit de rapprocher l’art et la vie, y compris de la vie quotidienne”, continue-t-elle. “Fluxus n’est pas un mouvement artistique, c’est un état d’esprit de personnes qui se sont retrouvées autour d’un questionnement : comment définir l’art et l’approcher ?”

En cela, ce mouvement internationaliste s’est inspiré du Nouveau Réalisme et du “Ready Made” de Marcel Duchamp, qui s’est lui-même employé à désacraliser l’art. ‘Qui décide de ce qui est beau ?’, se demande Ben. Il n’y a pas une seule définition du beau dans Fluxus”, ajoute-t-elle.

“Au-delà du loufoque”

Réouverte en juillet avec une nouvelle muséographie, la Fondation du Doute, connue notamment pour sa façade recouverte de plus de 300 messages de Ben, conduit aussi le public à travers 60 années de création. L’exposition permanente enrichie est désormais organisée autour des “onze dénominateurs” du mouvement comme la musicalité, l’art-amusement ou encore la fugacité.

Elle débute naturellement avec une vidéo du concert qui a lancé l’aventure, à Wiesbaden (Allemagne), en septembre 1962. Un premier happening devant un public interloqué filmé par la télévision publique allemande. Vous pourrez d’ailleurs jouer du piano déstructuré sur place, sur un piano utilisé pour ce concert spécial et déjanté.

On retrouve ensuite quelques installations et œuvres emblématiques du mouvement, comme ce piano à queue que l’on nourrit au foin de La Monte Young ou encore les “tableaux-pièges astro-gastronomiques” de Daniel Spoerri. Le public pourra aussi écouter en live Fandango, le bruyant tintamarre de marteaux sur portières de Wolf Vostell, ou plus zen, se reposer devant ce bouddha qui s’observe lui-même dans une télévision de Nam June Paik.

“On peut voir toutes les facettes de Fluxus, au-delà du loufoque”, apprécie le directeur de la Fondation du Doute, Alain Goulesque, pointant aussi vers les créations minimalistes qui enseignent “comment créer avec peu”. “Fluxus est un état d’esprit, donc contrairement au mouvement, il n’a pas de fin”, assure-t-il. “Comme le montre l’expo de Ben, il continue à questionner.”