L’exceptionnelle collection Macklowe, connue pour être la plus chère du monde mise sur le marché, va animer les enchères d’automne à New York. Cette vente en présentiel renoue avec des acheteur·se·s plein·e·s d’appétit après la pandémie. Chez les sociétés de vente aux enchères Christie’s ou Sotheby’s, on avance le même discours : le marché de l’art se porte très bien.
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Avec un total d’estimations à plus d’un milliard de dollars en une semaine de ventes, à partir du 15 novembre, “nous atteignons notre saison la plus importante depuis 2015”, une année record, souligne la présidente du département beaux arts chez Sotheby’s, Brooke Lampley.
“Pendant la pandémie, la demande restait forte chez les acheteurs, mais ils ne voyaient plus le niveau d’offre auquel ils étaient habitués”, explique-t-elle à l’AFP. Selon les expert·e·s, la crise sanitaire mondiale n’a pas fait diminuer les grandes fortunes, ni éteint l’appétit des acheteur·se·s, qui se trouvent toujours plus en Asie et qui sont de plus en plus jeunes.
Pour le premier semestre 2021 où elle a vu ses ventes augmenter de 13 % par rapport à 2019, Christie’s a relevé que 30 % de ses acheteur·se·s étaient de nouveaux·elles client·e·s, et parmi ces dernier·ère·s, 31 % des “millennials”. “Les gens ont pris l’habitude de passer beaucoup plus de temps dans leurs maisons, avec leurs œuvres d’art”, ajoute Emily Kaplan, spécialiste de l’art contemporain chez Christie’s.
Divorce à 600 millions
À New York, l’offre sera bien au rendez-vous, même si aucune pièce ne dépasse les cent millions d’euros. Incontestablement, Sotheby’s a remporté le gros lot, avec la collection Macklowe, issue du divorce du magnat de l’immobilier new-yorkais Harry Macklowe et de son épouse Linda prononcé en 2018. Elle est présentée par la société comme “la plus grande collection d’art moderne et contemporain jamais mise sur le marché” – estimée au total à 600 millions de dollars.
Sur 65 pièces, 35 seront mises en vente lors de la même soirée le 15 novembre (le reste au printemps 2022), pour une valeur estimée à 400 millions de dollars. En vedettes, Le Nez d’Alberto Giacometti, impressionnant bronze suspendu sur lequel le sculpteur avait commencé à travailler en 1947, et N°7, peinture minimaliste de Mark Rothko, respectivement estimés entre 70 et 90 millions de dollars.
La collection comprend aussi le très célèbre Nine Marilyns d’Andy Warhol (entre 40 et 60 millions de dollars), ainsi qu’un Sixteen Jackies (entre 15 et 20 millions de dollars), mais aussi plusieurs œuvres d’artistes vivant·e·s, comme Jeff Koons, Rudolf Stingel, Wade Guyton ou Tauba Auerbach.
“Il y a une demande incroyable pour l’art contemporain produit par des artistes en activité aujourd’hui”, souligne Brooke Lampley. Chez Sotheby’s, la soirée du 18 novembre sera d’ailleurs consacrée à des ventes d’œuvres des vingt dernières années, avec deux Banksy estimés chacun à plusieurs millions d’euros.
Touche numérique
Christie’s démarre aussi sa saison avec une vente “XXIe siècle”, en misant sur les valeurs sûres, Banksy mais surtout sur un tableau monumental de Jean-Michel Basquiat (Guilt of Golden Teeth), exécuté en 1982 lors d’un de ses séjours à Modène (Italie), en pleine ascension fulgurante. Il avait tout juste 22 ans. La toile représente une figure vaudoue dans un fatras de graffitis et de chiffres, elle est estimée entre 40 et 80 millions de dollars.
Human One, de Beeple, donnera une touche numérique désormais incontournable à la soirée : un homme en combinaison futuriste, type Daft Punk, avance dans un décor naturel évolutif. Mais attention, l’installation a la particularité de pouvoir être modifiée à distance par l’artiste, même une fois qu’elle sera installée dans le salon de l’acheteur·se.
Christie’s mettra aussi en vente la collection d’œuvres impressionnistes de l’industriel texan Ed Cox, riche donateur du parti républicain mort en 2020. Degas, Renoir, Monet, Pissarro, Cézanne, Caillebotte, les maîtres de ce courant y sont représentés le plus souvent avec une œuvre, sauf Vincent Van Gogh, avec trois tableaux.
Enfin, un record pourrait être battu pour un Frida Kahlo chez Sotheby’s, avec l’autoportrait Diego y yo (estimé à 30 millions de dollars). La maison mettra aussi en vente un rarissime exemplaire original de la Constitution américaine signée le 17 septembre 1787 à Philadelphie (entre 15 et 20 millions de dollars).
Avec AFP.
