Une nouvelle technique impliquant rayons X et synchrotrons permet de pouvoir restaurer les anciennes photographies, même très abîmées.
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Le temps, l’érosion, l’humidité et beaucoup d’autres facteurs abîment les photographies, qu’elles soient imprimées sur papier glacé ou, pire, sur plaque de verre au collodion (ambrotype), d’étain (ferrotype) ou d’argent (daguerréotype).
En juin dernier, des chercheurs canadiens de l’université de Western Ontario, menés par Madalena Kozachuk, ont développé une nouvelle technique de restauration photographique qui pourrait nous aider à redonner vie aux plus vieilles photos qu’on pensait irrécupérables. Et on est loin des intelligences artificielles capables de réparer les pixels d’une image numérique.
Par le pouvoir du synchrotron
À partir d’une technologie d’imagerie fluorescente par rayons X ultra-puissants, qu’on appelle “synchrotrons”, ces chercheurs ont été capables d’analyser des plaques de cuivre de daguerréotypes datant du XIXe siècle, qui ont été initialement développées au nitrate d’argent et à la vapeur de mercure chauffée. Ces plaques étaient ternies et recouvertes de saleté accumulée sur la surface. Malgré tout, les particules de l’émulsion de mercure, qui avait servi à l’époque à développer la photo, étaient toujours intactes et ont pu être restaurées.
Pour deux plaques de cuivre obtenues à la National Gallery of Canada représentant respectivement un homme et une femme, ces scientifiques ont réussi à identifier et observer les traces restantes de mercure alors même que celles-ci n’étaient pas visibles à l’œil nu.
Afin de mieux comprendre ce qu’un synchrotron est, on a choisi de citer l’ESRF (l’Installation européenne de rayonnement synchrotron) qui en a fait une définition très claire :
“Un synchrotron est une source extrêmement puissante de rayons X, produits par des électrons de haute énergie circulant dans un anneau de stockage. […] Grâce à la brillance et la qualité de ces rayons, ce super microscope filme la position et le mouvement des atomes et révèle ainsi la structure de la matière dans toute sa complexité et toute sa beauté.”
Ces rayons X sont évidemment beaucoup plus puissants que ceux des hôpitaux, et permettent désormais de révéler l’image altérée d’un daguerréotype grâce à un processus de scanning long de 8 heures par plaque. De ce fait, ces chercheurs ont obtenu un rendu numérique très net des deux plaques : une révolution qui risque de jouer un grand rôle dans les archives photographiques anciennes et dans l’héritage de notre patrimoine culturel.