“Le Projet Maurice veut traduire en images le parcours de vie de mon père, qui est tombé très malade mais qui s’en est sorti miraculeusement. C’est quand mon père a commencé à aller mieux que j’ai pensé à faire ce projet. C’est donc dans une dynamique très positive que je voudrais proposer un nouveau regard sur la maladie, plein d’espoir et d’optimisme.”
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La photographe souhaite immortaliser le chemin parcouru par son père de 84 ans. Une existence pleine de rebondissements puisque Maurice a eu une vie particulièrement dense. Né le 21 mai 1932 en Belgique d’un père russe et d’une mère polonaise, il a été caché pendant la guerre lorsqu’il avait 10 ans. Il a par la suite eu une brillante carrière professionnelle, puisqu’il a consacré sa vie à la médecine et à la recherche médicale et qu’il enseignait à l’université de Bruxelles.
Une relation père-fille importante
Il est devenu père de Charlotte à l’âge de 61 ans, une différence d’âge importante mais qui leur a permis d’être particulièrement proches : “Il a pris sa retraite quand j’avais trois ans. Du coup, on a passé beaucoup de temps ensemble”, explique-t-elle. Si la vie de Maurice semblait comblée, la maladie est malheureusement venue le frapper à l’âge de 79 ans. Charlotte Abramow l’explique sur le site dédié à son père :
“En 2011, à l’âge de 79 ans, alors qu’il était en parfaite santé et en grande forme, on lui a diagnostiqué un cancer du cardia. Le cardia est la jonction entre l’œsophage et l’estomac. J’avais 17 ans quand nous avons appris cette nouvelle. Après 3 mois de chimiothérapie intensive où Maurice restait terré dans un silence angoissant, les médecins ont pu l’opérer afin d’enlever la tumeur. L’opération fut conséquente mais s’est bien passée.
Malheureusement, dans les jours post-opératoires, les médecins ont découvert trop tard qu’il était allergique à l’un des médicaments administrés pendant et après l’opération. Cela a entrainé un choc pulmonaire grave et plusieurs arrêts cardiaques, ce après quoi il est tombé dans le coma pendant un mois et demi.”
“Il parlait très peu, restait mutique ou endormi, et disait des phrases totalement surréalistes ou faisant allusion à son passé, souvent dans la paranoïa de la Seconde Guerre mondiale. Sa mémoire à long terme semblait être présente bien que floue, alors que sa mémoire immédiate était totalement défaillante. Il était très difficile de comprendre ce qui se passait dans sa tête puisqu’il avait beaucoup de mal à communiquer.”