Pourquoi des œuvres de migrants ont traversé, seules, la frontière ce week-end ?

Pourquoi des œuvres de migrants ont traversé, seules, la frontière ce week-end ?

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© Anas Alkharboutli/Picture Alliance via Getty Images

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Par Konbini avec AFP

Publié le , modifié le

Pour la Journée internationale des migrants, ce 18 décembre, une action artistique a été organisée par des associations d’aide aux personnes exilées.

Faute de pouvoir aider les personnes exilées à passer physiquement d’Italie en France, un collectif d’artistes a organisé, ce dimanche 18 décembre, une action symbolique lors de laquelle leurs œuvres, créées à Vintimille, en Italie, ont finalement été exposées à Menton, en France, après avoir passé la frontière en train.

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“L’idée, c’est de faire passer les œuvres ou, en tout cas, les créations de ces migrants, à défaut que ces derniers puissent passer eux-mêmes”, a expliqué, en souhaitant rester anonyme, l’une des responsables du collectif des Don Quichotte de la Riviera. L’action, organisée dans le cadre de la Journée internationale des migrant·e·s, s’est déroulée en présence d’une cinquantaine d’activistes d’associations locales qui viennent en soutien aux migrant·e·s bloqué·e·s à la frontière franco-italienne.

Le collectif d’artistes de la région niçoise avait organisé depuis deux mois des ateliers artistiques dans le local d’une association italienne à Vintimille, mettant à disposition des personnes exilées et plus largement, marginalisées, des toiles et du matériel de peinture. Après une exposition éphémère ce dimanche à la gare de Menton-Garavan, côté français, où des membres du collectif d’artistes les avaient apportées, les œuvres seront ensuite accrochées dans une galerie à Nice.

Une action dénonciatrice

Depuis le début de l’année, plus de 30 000 personnes ont essuyé un refus d’entrée en France et ont été reconduites en Italie, selon les chiffres de la Police aux frontières (PAF), et ce dans des conditions condamnées par ces associations locales. “Ce qu’on dénonce depuis très longtemps, c’est que les règles nationales ou internationales ne sont pas respectées, il est impossible de faire reconnaître une demande d’asile à la frontière, à l’exception, je dois le reconnaître, de deux cas très récents”, a ainsi relevé Mireille Damiano, avocate au barreau de Nice et représentante locale du Syndicat des avocats de France (SAF).

“On dénonce aussi le fait que les mineurs sont la plupart du temps refoulés, avec parfois de fausses dates de naissance portées sur des documents de refus d’entrée, j’en ai eu encore la preuve récemment avec une personne ‘vieillie’ de deux ans alors que nous avions envoyé tous les justificatifs d’identité nécessaires”, a protesté Maître Damiano. Refoulé en Italie, ce mineur a finalement été pris en charge en France par un foyer pour l’enfance après un recours effectué par ses soins.

À Marseille, quelques centaines de personnes se sont aussi rassemblées, porte d’Aix, toujours en cette Journée internationale des migrant·e·s, pour demander la régularisation de sans papiers, la fermeture des centres de rétention administrative et pour protester contre la loi immigration du gouvernement, qui doit être déposée début 2023.

“On attendait un apaisement mais le projet parle plus d’éloignement”, s’est indigné Hamid Hadji, membre fondateur du collectif Ensemble : “On demande des titres de séjour solides et pérennes”, a-t-il ajouté. Parmi les manifestant·e·s, Zana Salif Dao, Ivoirien de 16 ans, aimerait aussi que “ça bouge” : “On ne comprend même pas les démarches, c’est trop compliqué… Depuis que je suis arrivé en France, ce n’est que de la souffrance”, a confié le jeune homme.