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Pourquoi Ai Weiwei milite pour la liberté de la presse sur un tapis de course ?

Pourquoi Ai Weiwei milite pour la liberté de la presse sur un tapis de course ?

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© Britta Pedersen/Picture alliance via Getty Images

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Par Lise Lanot

Publié le

Le militant et artiste contemporain continue d’apporter un soutien sans faille au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange.

Mardi 14 décembre 2021, Ai Weiwei publiait sur son compte Instagram une vidéo de ses pieds courant sur un tapis de course. Quelques heures plus tard, nouvelle vidéo de l’artiste, en train de faire du surplace sur le sol glissant de sa salle de bains. Les deux jours suivants, rebelote, ses publications sont consacrées à de la course surplace.

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Le militant ne s’est pas soudainement mis au fitness : ses publications visent à soutenir son ami Julian Assange, qu’une récente décision de justice met potentiellement en danger, et à venir “en défense de la liberté de la presse et des droits humains”.

Julian Assange, qui représente pour Ai Weiwei “l’impartialité de la presse”, est détenu depuis 2019 à Londres. Le 10 décembre 2021, “la Haute Cour de Londres [annulait] en appel le refus d’extrader vers les États-Unis le fondateur de WikiLeaks, que Washington veut juger pour une fuite massive de documents”, rapportait alors l’AFP.

Cela signifie que la justice britannique devra réexaminer la demande d’extradition américaine, alors qu’elle s’y était opposée il y a un an lors d’une décision de première instance. C’est la juge Vanessa Baraitser qui avait refusé “la remise aux autorités américaines de l’Australien âgé de 50 ans, invoquant le risque de suicide du fondateur de WikiLeaks s’il était incarcéré aux États-Unis”.

Une décision qui fait des vagues à travers le monde

Différentes personnalités et organisations ont critiqué ce revirement, à l’instar de Moscou, Reporters sans frontières, qui appelle “à la libération d’Assange” et Stella Moris, la compagne de Julian Assange : “Julian a révélé les crimes de la CIA, les tortures de la CIA. Comment peuvent-ils accepter une extradition vers le pays qui a comploté pour tuer Julian […] à cause de ce qu’il a publié ?”

De son côté, Ai Weiwei s’est tourné vers les réseaux sociaux, grâce aux hashtags #RunForOurRights (“Courons pour nos droits”) et #Treadmill (“Tapis de course”), afin d’appeler les internautes à se mobiliser pour la libération du détenu :

“En octobre 2016, Julian Assange m’offrait ce tapis de course alors qu’il était à l’ambassade d’Équateur de Londres. Aujourd’hui, j’ai décidé de me filmer en train de courir sur ce tapis et j’aimerais m’en remettre à la participation de tout le monde afin de déverser des vidéos de course sur tapis sur Internet. À travers cette performance, nous pouvons mettre en lumière nos préoccupations concernant les droits humains et la liberté de la presse, ainsi que notre quête de justice sociale.”

Un objet de mobilisation

Ce tapis de course est déjà connu des fans d’Ai Weiwei. En juin 2021, l’artiste voyait sa participation à une expo collective annulée à cause d’un projet de soutien au fondateur de WikiLeaks mettant justement en scène l’équipement sportif.

Sa proposition d’œuvre, Postcard for Political Prisoners, s’inspirait d’une exposition de 2014 au sein de laquelle Ai Weiwei demandait au public d’envoyer des cartes postales à des prisonnier·ère·s politiques. En juin 2021, l’artiste comptait présenter une carte postale destinée à Julian Assange. Le recto de la carte affichait une photo du tapis de course en question, offert par le lanceur d’alerte australien.

L’artiste, qui se considère comme “un grand supporter d’Assange”, affirmait être “très honoré” que son projet n’ait pas été accepté. Leur rejet a donné un véritable sens à mon œuvre”, ajoutait-il. “C’est un projet qui n’est pas seulement fait pour les détenus politiques, il encourage aussi les participants à réfléchir au lien entre la liberté dont ils jouissent et le prix payé par ces combattants pour cette liberté.”

Pour rappel, “les États-Unis reprochent à Julian Assange d’avoir diffusé, à partir de 2010, plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. Poursuivi notamment pour espionnage, il risque jusqu’à 175 ans de prison dans une affaire qui représente, selon ses soutiens, une attaque gravissime contre la liberté de la presse”, résume l’AFP.