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“Pour moi, la street photo est une drogue” : Meyabe raconte son rapport intime à la photo

“Pour moi, la street photo est une drogue” : Meyabe raconte son rapport intime à la photo

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© Meyabe

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Par Lise Lanot

Publié le

Rencontre avec un photographe qui parcourt les rues en quête de liberté, d’histoires à raconter et d’émotions à transmettre.

Meyabe est un photographe autodidacte. Sa formation, c’est d’avoir couru les Fashion Weeks muni de son appareil photo depuis plus de six ans. Formé à l’écriture scénaristique et passionné par le septième art, l’artiste insuffle dans ses scènes de rue prises à la volée un regard cinématographique où transpirent son “amour des gens” et sa détermination.

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C’est parce qu’il s’affirme “très observateur des comportements humains” et qu’il a “toujours voulu aller vers les gens” que Meyabe a commencé à immortaliser les personnages qui font des villes de grandes pièces de théâtre. “En une photo, tu peux raconter un film dans ta tête”, s’émerveille-t-il.

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Le photographe fait de sa sensibilité le point de départ de toute image. Après avoir refusé l’usage du flash, qu’il juge trop agressif pour les sujets pris en photo, aux abords des Fashion Weeks et en avoir tiré l’ouvrage No Flash, il compile aujourd’hui un livre recensant 235 photographies de morceaux de vie parisienne, Life in Paris.

Le grand ouvrage fait la part belle à la devise de son auteur : “Do not seek perfection but emotion”, soit “Ne cherchez pas la perfection mais l’émotion”. Abstraite et poétique, cette quête est constamment en toile de fond de son esprit.

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“J’aime les imperfections, le flou, le mouvement”

“Je suis en permanence en train de penser photo. C’est impossible pour moi de ne pas prendre de photos au quotidien. Si je ne fais pas de photos en journée, je ne suis pas bien”, souffle-t-il avant d’énumérer tout ce qu’il a pensé prendre en photo depuis son arrivée dans les locaux de Konbini : les casiers alignés derrière moi, les reflets changeants des portes vitrées, un T-shirt du Wu-Tang Clan qui passe…

C’est le mouvement qui capte avec le plus de force son attention : “Les photos figées, ça ne m’intéresse pas trop. J’aime les imperfections, le flou, le mouvement. Une photo en mouvement permet une situation cinématographique”, note-t-il.

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Comme un sport, Meyabe est à l’affût d’un mouvement, d’une histoire à raconter – une personne qui croise son regard dans la rue, la moitié d’un couple qui semble ailleurs en pleine étreinte, une paire de chaussures colorées qui bat le pavé : “Je veux raconter la vie, les gens, l’émotion, ce que va dégager quelqu’un, qu’il y ait quelque chose.”

Cette recherche active de récits le pousse à embrasser les problèmes techniques, à créer des jeux visuels, des cache-cache où le regard d’une personnalité publique est ostensiblement caché par un appareil photo, où un visage est coupé d’un cadre, où une silhouette est floue : “La photo te permet de faire ce que tu veux. Quand tu fais de la photo, tu ne dois pas avoir de limite sur l’expérimental, c’est un espace de liberté totale.”

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Après une discussion dense autour de sa pratique, Meyabe finit par lâcher le morceau : si le mouvement l’obsède, c’est parce qu’il “crée du bruit chez [lui], littéralement, et ce “depuis toujours”“Je pensais même que c’était normal”, s’amuse-t-il.

Logique, somme toute, de constamment chercher à fixer ce mouvement assourdissant et de considérer la photo comme quelque chose de vital, “une drogue, une adrénaline”, un remède à la synesthésie. “C’est Konbini Thérapie, en fait, ici”, finit par lâcher le photographe – et il a bien raison : l’art, ça a toujours un petit quelque chose à faire avec la catharsis.

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Vous pouvez retrouver le travail de Meyabe sur son compte Instagram. Son livre Life in Paris – The First 235 Photographs (2014-2022) est édité chez Ofr Paris. La librairie parisienne Ofr organise une rencontre avec l’artiste ce samedi 14 mai à 18 heures.