Pastèque à 220 000 dollars et première artiste femme indépendante : 3 choses à savoir sur Sarah Miriam Peale

Pastèque à 220 000 dollars et première artiste femme indépendante : 3 choses à savoir sur Sarah Miriam Peale

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© Sarah Miriam Peale/National Portrait Gallery

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Par Lise Lanot

Publié le

Elle préférait son art au mariage et était la superstar de Baltimore au XIXe siècle. Sarah Miriam Peale a des choses à nous apprendre.

Près de 140 ans après sa mort, la peintre Sarah Miriam Peale vient de battre un record grâce à sa nature morte Pastèque (1822). L’œuvre a été achetée pour 227 200 dollars (un peu moins de 210 000 euros) lors d’une vente aux enchères Christie’s. La toile a pulvérisé les estimations de la maison de vente, qui pensait la voir partir pour une somme allant de 40 000 à 60 000 dollars.

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Sept personnes (représentant des institutions et des collectionneur·se·s privé·e·s) ont engagé une véritable “guerre d’enchères”, a rapporté Artnet, afin de repartir avec la Pastèque sous le bras. L’enthousiasme suscité par la vente de l’œuvre prouve l’importance du travail de Sarah Miriam Peale et la hausse d’intérêt concernant les œuvres d’artistes femmes longtemps oubliées. En attendant les potentielles prochaines ventes (et records) dédiées à Sarah Miriam Peale, voici de quoi en apprendre plus sur la peintre.

Sarah Miriam Peale, Pastèque, 1822. (© Christie’s)

Elle vient d’une famille d’artistes

Comme souvent avant le XXe siècle, les rares femmes qui avaient le droit de tâter du pinceau venaient d’une famille d’artistes. C’était le cas d’Artemisia Gentileschi et de Rosa Bonheur, mais aussi de Sarah Miriam Peale. La vente Christie’s était d’ailleurs consacrée à la famille Peale entière, décrite par la maison de vente aux enchères comme “la première famille d’artistes états-unienne” et “des figures centrales dans l’histoire de l’art américain”.

Sarah Miriam Peale est la fille du miniaturiste et peintre de natures mortes James Peale. Elle est aussi la nièce du célèbre portraitiste et fondateur d’institutions artistiques Charles Peale. C’est en travaillant aux côtés de son père, son oncle et son cousin Rembrandt Peale que Sarah Peale a fait ses armes et s’est épanouie, autant dans l’art du portrait que de la nature morte. La famille entière a rayonné à travers l’histoire : le travail d’une des sœurs de Sarah, Margaretta Angelica Peale, avait également fait flamber des enchères en 2008, avec une œuvre partant pour 91 000 dollars.

Elle est la première artiste femme professionnelle et indépendante des États-Unis

Sarah Miriam Peale est considérée comme la première artiste femme à avoir vécu de sa peinture dans l’histoire des États-Unis. Elle est également une des deux premières artistes femmes, avec sa sœur Anna, à être devenue membre de la très prestigieuse Pennsylvania Academy of the Fine Arts, en 1824. La peintre ne s’est jamais mariée, préférant se consacrer à ses œuvres, et elle travaillait dans son studio personnel, une rareté à l’époque. C’est à son arrivée à Baltimore, en 1847, après des années passées à St. Louis, qu’elle est devenue complètement indépendante financièrement.

Sarah Miriam Peale, Elijah Bosley, 1825, collection particulière.

On s’arrachait ses portraits

À Baltimore, Sarah Miriam Peale devient l’une des portraitistes les plus en vue de la ville. Elle enchaîne les commandes et réalise de nombreux portraits de personnalités politiques – le Marquis de Lafayette aurait par exemple posé pour elle. Le National Museum of Women in the Arts note que, selon les archives, elle aurait reçu “bien plus de commissions de portraits que les artistes hommes les plus célébrés de son époque, tels que Thomas Sully et John Vanderlyn”.

Il semble que c’est son style et son attention aux détails qui ont fait d’elle une peintre si prisée. Le réalisme de ses textures de peau, de cheveux, de vêtements et d’aliments a marqué ses contemporain·e·s et permet de l’inscrire comme une figure importante du néoclassicisme états-unien.