Des collages anachroniques et des muses modernes
À travers ces visages de femmes peints à différents moments de l’Histoire, Masha veut réinventer des muses plus contemporaines, pour que ces figures continuent de vivre et d’inspirer les femmes d’aujourd’hui ainsi que la culture biélorusse. Ce détournement du passé se fait par le détourage des visages de ses amies modèles qu’elle a capturées.
Parfois, ces visages regardent en bas, d’autres fois ils fixent l’objectif comme si la muse avait posé pour Masha après avoir été dessinée par le peintre. En tout cas, les masques sont parfaitement placés pour que l’illusion soit efficace. Les muses des peintures possèdent un nouveau corps, une silhouette et de nouvelles courbes.
Faisant un pont entre passé et présent, Masks-show oppose l’héritage pictural et la tradition à notre monde moderne. Au magazine Fisheye, la photographe explique qu’à l’époque où elles ont été peintes, ces femmes étaient privées du droit de disposer de leur corps :
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“Leur image était entre les mains des hommes – les artistes d’abord, les spectateurs ensuite –, qui forgeaient des stéréotypes visuels conventionnels. Dans mon travail, les jeunes femmes sont dans une position opposée : leur corps est libre, leur pose naturelle et elles ont volontairement choisi d’être nues.”
Changer la vision des femmes sur leur corps
“Les modèles occupent le territoire du photographe et dévaluent avec succès la signification de son travail. Dans ce cas, mes photos sont à leur merci, par conséquent, j’ai décidé de “protéger” mes images en dépersonnalisant les modèles. L’emploi du masque m’a semblé être la meilleure option.”
“Dépersonnaliser”, le mot est lâché. Nous voyons plus cela comme une manière de réinventer la femme d’autrefois. Les modèles acceptent plus facilement leur corps et contrôlent leur nudité en étant masquées par un visage qui n’est pas le leur, et qui, de plus, appartient à une sorte d’allégorie. Ces figures picturales avaient des qualités et des représentations imaginées par les peintres au moment où ils les créaient. Elle ajoute :
“Le masque est un jeu autour de la représentation de la femme moderne et la manière dont elle regarde son propre corps. Cette perception a encore aujourd’hui une influence ambivalente. Elle oscille entre la notion d’interdit et l’idée que le corps féminin est un objet exclusif d’admiration et de désir.”