Cinématographiques, les images de Marilyn Mugot nous envoûtent par leur douceur et leurs couleurs nocturnes.
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Incandescentes et ancrées dans l’esthétique “néon”, les photos de Marilyn Mugot, une photographe et graphiste française, présentent des villes chinoises de nuit, loin de la ville de Paris dans laquelle elle a grandi et qui l’a inspirée dans ses dessins d’enfant. Sur son site, elle déclare puiser son inspiration dans des artistes issus de domaines différents, comme Philip-Lorca DiCorcia, James Clar et John Harris. En 2017, elle prépare une exposition à Paris. À travers son regard pictural, elle se passionne aussi pour le cinéma et cela se ressent de suite quand on regarde les images de sa série Night Project : elles semblent tout droit sorties de films comme Akira, Blade Runner ou même Only God Forgives.
Elle nous explique que le cinéma est une source d’inspiration qu’elle cultive depuis son plus jeune âge. Son père l’emmenait chaque semaine au vidéoclub du coin où elle pouvait choisir tous les films qu’elle voulait voir : “Un vrai rituel.” C’est ce qui l’a baignée dans l’esthétique cinématographique de l’Hollywood des années 1980 et 1990. Elle cite Existenz de Cronenberg, Eyes Wide Shut de Kubrick, The Thing de Carpenter et Total Recall de Verhoeven. “La liste est longue, mais c’est vraiment un condensé des films qui ont eu une très forte influence sur ma vision du monde, ça m’a marquée au fer rouge”, nous explique-t-elle.
Découvrir la ville sous une lumière nocturne
Contextualisées dans le monde réel, les couleurs et la lumière rendent ces lieux imaginaires et réinventés : de Chongqing à Guilin, avec un passage obligé par Hong Kong. Sur son site, il est écrit qu’elle aime créer ses propres scénarios avec des atmosphères qu’elle invente et imagine, à la manière d’une cinéaste. Elle nous transporte dans un hors-temps et un hors-lieu qu’elle décrit en trois mots : “obscurité”, “poésie” et “étincelant”. Elle nous explique ce qu’elle a voulu montrer au spectateur :
“Ce qui me plaît avant tout, c’est la réalisation de mon propre monde, recréer une autre réalité avec ses propres règles, couleurs et dimensions. J’ai envie que celle ou celui qui regarde mes photos accède à un instant magique. Lorsque je regarde un film, j’aime me sentir en complète immersion et c’est ce que je désire aussi procurer, inconsciemment sans doute, à travers mon travail. Les paysages chinois faisaient référence à ce que je désirais montrer et je savais à l’avance que j’allais y retrouver des lumières artificielles aux néons combinées à la vie urbaine nocturne.”
Pendant l’heure bleue, ou dans l’obscurité la plus totale, ces villes chinoises prennent différents visages sous la lumière des néons. Les bâtiments, les enseignes, les petites épiceries de proximité et les allées discrètes continuent de vivre une vie cachée et nocturne. Parfois électrique et parfois douce, la nuit est sublimée et cristallisée par cette jeune photographe. Elle nous confie :
“J’aime travailler la nuit parce que le monde n’est plus vraiment le même, son rythme change ainsi que ses lumières, ce qui fait ressortir l’aspect onirique des paysages. Les éléments deviennent secrets et mystérieux, comme insaisissables. Cela fait naître chez moi une envie de capter ça, c’est comme une quête à atteindre. J’active un certain état contemplatif, de concentration lorsque je recherche la bonne scène durant des heures de marche et la nuit m’aide à atteindre cet état-là. C’est grisant.”
Vous pouvez suivre son travail sur Instagram.