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L’Italie défie la censure de Pékin contre un artiste dissident

L’Italie défie la censure de Pékin contre un artiste dissident

Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

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© Badiucao

La Chine voulait faire annuler l’exposition de Badiucao, prévue sur le territoire italien.

Une ville du nord de l’Italie a annoncé le maintien de l’exposition d’un artiste chinois dissident en dépit de tentatives de l’ambassade de Chine pour la faire annuler. L’exposition de Badiucao, surnommé “le Banksy chinois”, dénonce la répression politique en Chine ainsi que la censure sur la pandémie de Covid-19, deux sujets hautement sensibles pour Pékin.

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Intitulée “La Chine (n’)est (pas) proche”, l’exposition doit se tenir du 13 novembre 2021 au 13 février 2022 à Brescia, une ville lombarde de 200 000 habitant·e·s à une centaine de kilomètres à l’est de Milan. Le maire de Brescia, Emilio Del Bono, a déclaré la semaine dernière au quotidien Il Foglio qu’il ne pouvait pas accueillir favorablement la demande d’annulation formulée par l’ambassade de Chine.

L’amitié italo-chinoise “n’est pas en question”, a-t-il argué, mais “je crois qu’il est important de montrer qu’on peut rester amis tout en critiquant certaines choses”. “Pour nous, l’art et la liberté d’expression sont une combinaison essentielle”, avait affirmé plus tôt sur Twitter la maire adjointe de la ville de Brescia, Laura Castelletti, dont le tweet était illustré de photos de coupures de presse faisant état d’interventions de l’ambassade chinoise pour que la municipalité annule cet événement culturel.

Le bureau culturel conclut sa lettre en exprimant son “profond mécontentement” et en demandant au conseil “d’agir rapidement pour annuler” l’exposition. Contacté par l’AFP, le bureau de presse de l’ambassade de Chine à Rome n’a pas répondu dans l’immédiat.

Badiucao, qui vit en Australie, se présente sur les réseaux sociaux comme “un artiste sino-australien pourchassé par le PCC”, le Parti communiste chinois. La Chine se montre de plus en plus sourcilleuse sur la présentation de sa société, de sa culture et de son histoire, n’hésitant pas à intervenir à l’étranger pour imposer sa propre vision.

En octobre 2020, le musée d’histoire de Nantes (qui devait présenter en collaboration avec la Chine une exposition consacrée à l’histoire de Gengis Khan et de l’empire mongol) avait ainsi annoncé le report du projet en raison d’“une injonction des autorités centrales chinoises à faire disparaître de l’exposition des éléments de vocabulaire”, c’est-à-dire les mots “Gengis Khan”, “empire” et “mongol”.

Avec AFP.