L’histoire d’une œuvre d’art ukrainienne sauvée de la guerre

L’histoire d’une œuvre d’art ukrainienne sauvée de la guerre

Image :

© Dannie Jing/Unsplash

photo de profil

Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

De Kyiv à la Biennale de Venise, le périple d’une œuvre menacée par la guerre.

Sauvée de la guerre : une conservatrice ukrainienne d’une galerie d’art de Kyiv a raconté son périple à travers l’Europe de l’Est pour mettre à l’abri et exposer à la prochaine Biennale de Venise l’œuvre contemporaine d’un artiste de son pays.

À voir aussi sur Konbini

Accueillie à Manhattan par la galerie d’art de Jim Kempner, d’origine ukrainienne, Maria Lanko, qui tient la galerie The Naked Room à Kyiv, a relaté à des journalistes sa fuite d’Ukraine vers l’Italie fin février et début mars.

Dès l’invasion russe le 24 février, la conservatrice charge sa voiture de plusieurs œuvres d’art et d’une partie d’une installation monumentale d’un artiste ukrainien, Pavlo Makov, La Fontaine de l’épuisement. Maria Lanko met alors le cap à l’ouest pour six jours de voyage.

Elle franchit difficilement la frontière, fonce à travers la Roumanie, la Hongrie et l’Autriche, avant d’atteindre Venise et d’y déposer La Fontaine de l’épuisement qui sera exposée au public à la 59e Biennale d’art, qui ouvrira le 23 avril.

80 pays, dont l’Ukraine, auront un pavillon d’exposition mais celui de Moscou sera fermé, boycotté par ses propres artistes et son commissaire, qui protestent contre le conflit. Arrivée sans casse à Venise, La Fontaine de l’épuisement a été remontée sur place.

L’œuvre est formée d’un immense socle sur lequel figurent 78 entonnoirs disposés en hauteur et en triangle avec un dispositif d’alimentation et de ruissellement de l’eau de haut en bas. Seulement quelques gouttes s’écoulent sur le socle de la fontaine pour “symboliser l’épuisement” face à la guerre, a expliqué Mme Lanko.

Intransportable, cette base de l’installation a été refabriquée dans un atelier de Milan. En outre, pour faire connaître et protéger les artistes ukrainien·ne·s et leurs œuvres à l’étranger, Maria Lanko a créé avec d’autres conservateur·rice·s de son pays un fonds ukrainien d’urgence pour l’art.

Passée par New York, Mme Lanko a fait état d’une collecte d’environ 1,54 million de hryvnia, monnaie ukrainienne, soit plus de 52 000 dollars, avec le “soutien” de près de 200 artistes et acteur·rice·s du monde culturel.

Pour la conservatrice de Kyiv, “il est important d’exposer l’art ukrainien parce que l’Ukraine demeure largement [connue] en Occident comme une partie du champ culturel russe”. Elle a déploré que “personne ne fasse la différence entre les deux pays et leurs cultures”, alors que l’Ukraine et la Russie “ne sont pas seulement différentes, elles sont tout à fait à l’opposé.”

Konbini arts avec AFP.