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Les portraits mondains et surréalistes de Man Ray font l’objet d’une expo à Paris

Les portraits mondains et surréalistes de Man Ray font l’objet d’une expo à Paris

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

De ses portraits mondains à ses publicités iconiques, Man Ray a promu l'esthétique avant-gardiste à travers la photo de mode.

L’artiste Man Ray est présenté sous un angle méconnu dans une exposition au musée du Luxembourg, à Paris, qui court jusqu’au 17 janvier 2020. “Ici, on n’a jamais eu la mode dans le titre d’une exposition”, souligne Alain Sayag, commissaire scientifique de l’exposition “Man Ray et la mode”. “C’est un choix délibéré, on fait entrer la mode par le biais d’un artiste connu” dans un musée habitué aux “expositions patrimoniales et de peinture”.

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L’Américain Man Ray, qui débarque à Paris en 1921, s’adonne d’abord aux portraits mondains pour gagner sa vie. À cette époque, les magazines de mode publient les photos de célébrités. Les vêtements sont, quant à eux, présentés par des croquis. Les photos ou vidéos de la mode de l’époque sont “utilitaires et figées” servant “pour le dépôt de modèles, pour éviter la copie”, indique Catherine Örmen, historienne de la mode et commissaire de l’exposition.

Man Ray, “La Chevelure”, 1929, Milan, Fondazione Marconi. (© Man Ray 2015 Trust/Collection particulière, courtesy Fondazione Marconi/Adagp, Paris 2020)

Des pubs créées comme de vraies œuvres d’art

“Avec Man Ray on part de rien et on arrive à des photographies qui sont quasiment abstraites, des œuvres d’art qui donnent l’image de la mode”, explique-t-elle à l’AFP. “Les Larmes”, œuvre iconique de Man Ray, est née grâce à une commande publicitaire réalisée pour une marque de mascara résistant à l’eau. Une photo plutôt banale à l’origine est transformée avec des procédés techniques expérimentaux qui sont devenus sa marque de fabrique.

Recadrages, surimpression, jeux d’ombres et de lumières ou solarisation (exposition à la lumière du négatif ou de l’épreuve au cours du développement pour séparer les zones sombres des zones claires) : ainsi sont créées des images oniriques avec lesquelles Man Ray offre à la mode une vision du rêve.

Man Ray, “Lee Miller, le visage peint”, 1930 circa – 1980, Milan, Fondazione Marconi. (© Man Ray 2015 Trust/Collection particulière, courtesy Fondazione Marconi/Adagp, Paris 2020)

Des photos qui racontent une époque

Publiées dans les magazines, ces photos dictent la mise en page, elle aussi dans l’esthétique surréaliste. Elles dialoguent avec quelques pièces de haute couture comme les robes Chanel des années 1920 et des films et magazines de mode qui accordent beaucoup d’importance au maquillage, à la beauté des ongles et aux coiffures.

On y retrouve son célèbre portrait de Coco Chanel, de profil, mains dans les poches, cigarette dans la bouche, mais aussi des clichés d’elle, timide, ou des photos inédites des célébrités de l’entre-deux-guerres habillées en Chanel.

De la liberté vestimentaire des années folles aux codes beaucoup plus stricts une décennie plus tard où il fallait changer habits, coiffures et même la couleur des ongles plusieurs fois par jour, les pièces exposées racontent l’évolution de la société.

Man Ray, “Le Pavillon de l’élégance”, exposition internationale des arts décoratifs et industriels. Robe du soir “Apollo” de Jeanne Lanvin, 1925-1995, Paris. (© Man Ray 2015 Trust/Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. RMN-Grand Palais/Adagp, Paris 2020)

Man Ray, “Tête de Vénus maquillée”, 1932, collection particulière. (© Man Ray 2015 Trust/Adagp, Paris 2020)

Man Ray, “Sans titre”, 1925, Paris, achat par commande, tirage Jean-Luc Piété. (© Man Ray 2015 Trust/Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. RMN-Grand Palais/Adagp, Paris 2020)

Man Ray, “Robe de petit soir en crêpe noir imprimé”, Elsa Schiaparelli, collection février 1936 n° 104. Publiée dans “Harper’s Bazaar”, mars 1936, Paris, Palais Galliera, musée de la mode de la ville de Paris. (© Man Ray 2015 Trust/Galliera/Parisienne de Photographie/Adagp, Paris 2020)

Man Ray, “Portrait de femme non identifiée, mode ?”, 1930, dation en 1994. (© Man Ray 2015 Trust/Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. RMN-Grand Palais/Adagp, Paris 2020)

Man Ray, “Peggy Guggenheim dans une robe de Poiret”, 1924, dation en 1994. (© Man Ray 2015 Trust/Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. RMN-Grand Palais/Guy Carrard/Adagp, Paris 2020)

Man Ray, “Le Pavillon de l’élégance”, exposition internationale des Arts décoratifs et industriels, 1925, achat par commande, tirage Jean-Luc Piété. (© Man Ray 2015 Trust/Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. RMN-Grand Palais/Adagp, Paris 2020)

Man Ray, “Mains peintes par Pablo Picasso”, 1935, dation en 1994. (© Man Ray 2015 Trust/Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. RMN-Grand Palais/Guy Carrard/Adagp, Paris 2020)

Man Ray, “Bal au château des Noailles”, vers 1929, dation en 1994. (© Man Ray 2015 Trust/Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. RMN-Grand Palais/Guy Carrard/Adagp, Paris 2020)

Man Ray, “Anatomies”, 1930, Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des estampes et de la photographie. (© Man Ray 2015 Trust/BnF/Adagp, Paris 2020)

Man Ray, “Publicité pour des bijoux (mains de Nusch Éluard)”, 1935-1980, Milan, Collection particulière, Fondazione Marconi. (© Man Ray 2015 Trust/Collection privée, courtesy Fondazione Marconi, Milan/Adagp, Paris 2020)

“Man Ray et la mode”, une exposition à voir au musée du Luxembourg, à Paris, jusqu’au 17 janvier 2021.

Avec AFP. Konbini, partenaire de la RMN.