Les algorithmes d’Instagram savent quelles photos vont nous plaire

Les algorithmes d’Instagram savent quelles photos vont nous plaire

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Par Konbini

Publié le

Avez-vous déjà passé des minutes, voire des heures, à vous perdre dans l’onglet “Explorer” d’Instagram ? Si oui, ce n’est pas un hasard : des algorithmes calculent en continu ce qui est susceptible de nous plaire.

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Il est toujours étonnant de faire défiler l’onglet “Explorer” d’Instagram (celui qui est représenté par une petite loupe et qui propose des photos de comptes que nous ne suivons pas) et d’y trouver des thématiques qui nous intéressent ou des photos de notre voisin de table du cours d’anglais. Le site Fast Company s’est renseigné sur la façon dont les algorithmes d’Instagram personnalisent notre “Explorer”.

Dans un premier temps, les algorithmes partent à la recherche de contenus susceptibles d’intéresser l’utilisateur en analysant son activité même : quels genres d’images il aime et partage avec ses abonnés, quels comptes il suit mais aussi ce que suivent et aiment les comptes auxquels il est abonné. En parallèle de cela, les algorithmes collectent aussi des données sur les utilisateurs qui suivent les mêmes comptes que nous.

Pour parler un peu plus simplement, traduisons cela en exemples et imaginons à quoi pourrait ressembler l’Explorer Instagram de Michelle Obama. L’ancienne Première dame des États-Unis partage des photos de sa famille, de ses amis, de ses chiens et de ses bonnes actions aux échelles locale et nationale sur son compte. On pourrait imaginer qu’elle like les images postées par son époux, Barack Obama, et par ses amis Beyoncé et Jay Z. Elle suit l’ancien photographe officiel de son mari, Pete Souza, l’épouse de l’ancien vice-président Biden, Jill Biden, et Caroline Kennedy.

En transposant les informations données par Fast Company, cela signifierait que, lorsqu’elle fait défiler son Explorer, Michelle Obama pourrait tomber sur des photos de son époux, de chiens mais aussi des photos qui ont été likées par Pete Souza ou Jill Biden, même si elle ne connaît pas les personnes qui les ont postées.

C’est pour cela qu’un fan de tuning verra des images de jantes sur l’onglet à la loupe et que l’on tombe parfois sur un visage qu’on a déjà croisé en soirée : on retrouve facilement les amis d’amis sur Explorer. Ces “prédictions” déterminées par Instagram de ce qui pourrait nous plaire sont calculées à partir de nos “actions” sur le réseau social. C’est ce qu’explique Layla Amjadi, chef de produit pour Explorer : “On base [les prédictions] par rapport à une action, et ensuite on travaille à partir de ça. Suivre quelqu’un est considéré comme une action explicite, liker une photo est une autre action explicite.”

Une expérience en constante amélioration

À la naissance d’Instagram en 2010, Fast Company souligne que ce fameux onglet “Explorer” s’appelait “Populaire” et ne proposait que les images les plus vues sur le réseau. Une expérience absolument pas personnalisée donc, qui a rapidement fait un flop. C’est deux ans après le rachat d’Instagram par Facebook qu’Explorer a commencé à se développer tel que nous le connaissons aujourd’hui, en attachant un soin particulier à la géolocalisation par exemple, afin de proposer des images de lieux proches de nous ou que nous avons recherchés auparavant.

Cependant, la plateforme dédiée à la photo n’utilise pas la technologie de reconnaissance d’image de la maison mère Facebook. Les algorithmes en charge des prédictions fonctionnent grâce aux hashtags, aux légendes et aux descriptions générales des comptes. Plus clairement, un utilisateur qui indique dans sa bio être un #CatLover, #Directionner et qui prône le #BoPo verra, entre autres, dans son Explorer des photos de chats, d’Harry Styles et de personnes acceptant leurs corps et leurs défauts.

L’objectif d’Instagram est de pousser les utilisateurs à effectuer de nouvelles “actions explicites”, et par conséquent de leur faire aimer des photos et suivre de nouveaux comptes. Le système classe donc les images susceptibles de vous intéresser selon vos actions précédentes. Si vous suivez de nombreux comptes dédiés à la nourriture et au #foodporn mais que vous likez surtout des images de houmous, les images principales qui apparaîtront seront celles mettant à l’honneur cette délicieuse purée de pois chiches. Les algorithmes prennent aussi garde à bloquer ce qui semble être des faux comptes ou des spams.

Étant donné qu’Instagram cherche à nous faire apprécier de nouveaux contenus, il ne suffit pas de nous proposer le même genre d’images que nous likons depuis des mois. Il s’agit de trouver un équilibre entre les contenus qui vont nous plaire de toute façon et ceux qui vont étendre nos horizons.

Ainsi, si les algorithmes ont détecté que vous étiez fan des images en noir et blanc d’Édouard Boubat mais que c’est le seul photographe que vous semblez connaître, il est possible qu’Explorer vous propose des images de Robert Doisneau, par exemple. Si la façon dont le réseau social épie et calcule nos moindres actions peut être un peu effrayante, elle a le mérite de tenter d’ouvrir nos horizons à travers le petit écran de notre mobile.