Les 5 fois où Rosalía s’est (littéralement) transformée en œuvre d’art

Les 5 fois où Rosalía s’est (littéralement) transformée en œuvre d’art

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© Rosalía ; © Frida Kahlo/Musée d’Art moderne de Mexico

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Par Anna Carolina Assuncao

Publié le , modifié le

De Frida Kahlo à Francisco de Goya, son univers est un tourbillon de références artistiques.

Considérée comme l’artiste qui a réinventé le flamenco, Rosalía n’a pas peur de revisiter des œuvres d’art, tout comme des styles musicaux. Dans son premier album El Mal Querer, elle s’inspire du roman médiéval Flamenca pour aborder la terrible histoire d’une femme qui se marie à un homme qui l’emprisonne à cause de sa jalousie.

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Dans chaque chanson – ou chapitre –, elle reproduit à sa sauce des tableaux classiques qui s’accordent à son mélodieux récit, prouvant à chaque fois un peu plus que son travail est plus recherché qu’on ne le penserait. Voici cinq œuvres d’art que la chanteuse s’est réappropriées.

Rosalía et Frida Kahlo

Dans son titre “Que No Salga La Luna – Cap.2 : Boda”, Rosalía recrée le fameux tableau Les Deux Frida de Frida Kahlo. Celle-ci a été réalisée par la peintre mexicaine au moment où elle se séparait de Diego Rivera. D’un côté, elle s’est dessinée vêtue de blanc, avec un cœur saignant, reflétant la femme que Rivera n’aimait plus. De l’autre, elle s’est représentée dans ses habits traditionnels, symbolisant la Frida dont son ex-compagnon est tombé amoureux.

Pareillement, dans “Que No Salga la Luna”, on pourrait interpréter que la Rosalía à droite incarne la flamenca qui s’est mariée et à gauche, la flamenca détruite par cette union toxique. Les deux se tiennent la main et se réconfortent.

À gauche : clip de Rosalía – “Que No Salga La Luna – Cap.2 : Boda”. À droite : Frida Kahlo, Les Deux Frida, 1939. (© Musée d’Art moderne de Mexico)

Ce n’est pas le seul endroit où Rosalía rend hommage à la peintre mexicaine. Dans son clip “A Palé”, elle porte un monosourcil, symbole emblématique de Frida Kahlo.

Clip de Rosalía – “A Palé”.

Rosalía et Matisse

Dans son clip “Yo x Ti, Tu x Mi” avec Ozuna, Rosalía fait un (grand) clin d’œil à Henri Matisse et à son célèbre tableau Les Nus bleus. On ne sait pas exactement pourquoi elle a fait usage de cette référence, mais on peut dire que Rosalía a le sens de l’esthétique.

À gauche : clip de Rosalía & Ozuna – “Yo x Ti, Tu x Mi”. À droite : Henri Matisse, Les Nus Bleus, 1952. (© Centre Pompidou, Paris)

De plus, lorsqu’elle danse entourée de performeur·euse·s en une combinaison bleue, on pourrait croire qu’elle reproduit le tableau La Danse de Matisse, dans lequel des femmes dansent en rond.

Henri Matisse, La Danse, 1910. (© Musée de L’Ermitage)

Clip de Rosalía & Ozuna – “Yo x Ti, Tu x Mi”.

Rosalía et Francisco de Goya

Dans “A Palé”, Rosalía fait non seulement référence à Frida Kahlo, mais aussi à Francisco de Goya, un des plus grands peintres espagnols du XVIIIe siècle. Dans son clip, elle recrée la même tenue que la duchesse d’Alba représentée dans ce tableau, dans lequel elle porte un foulard rouge sur une robe blanche.

Ici, Rosalía a voulu mettre en avant sa culture et l’art espagnol, en y rajoutant sa touche personnelle. Le titre “A Palé”, filmé dans un parc industriel, est un morceau particulièrement sombre et expérimental, qui contraste fortement avec cette œuvre lumineuse de Francisco de Goya.

À gauche : clip de Rosalía – “A Palé”. À droite : Francisco de Goya, La Duquesa de Alba de blanco, 1795. (© Collection d’Alba, Madrid)

Dans “Di Mi Nombre”, Rosalía reconstitue la posture de la femme dans le tableau de Francisco de Goya, La Maja vestida. Ce tableau a longtemps été vu comme obscène, à cause de la position et du regard de la femme.

À gauche : clip de Rosalía – “Di mi nombre – Cap.8 : El Éxtasis”. À droite : Francisco de Goya, La Maja vestida, 1798-1805. (©Museo del Prado, Madrid)

Rosalía et Sir John Everett Millais

Dans son clip “De Aquí No Sales”, Rosalía reproduit le tableau Ophelia de Sir John Everett Millais. Celui-ci fait référence à Ophelia, personnage principal de Hamlet de Shakespeare, qui perd la tête lorsque son amant tue son père. Par conséquent, elle tombe dans un ruisseau et se noie.

Étant le quatrième chapitre de son album El Mal Querer, nommé “la dispute”, “De Aquí No Sales” fait référence au summum de la relation toxique que la flamenca entretient avec son amant. Ce n’est donc pas par hasard qu’elle fait allusion à ce tableau.

À gauche : clip de Rosalía – “De Aquí No Sales – Cap.4 : Disputa”. À droite : Sir John Everett Millais, Ophelia, 1851-1852. (© Tate Britain, Londres)

Rosalía et Julio Romero de Torres

Pour le sixième chapitre de El Mal Querer nommé “Preso”, Rosalía fait référence au tableau Naranjas y limones de l’artiste espagnol Julio Romero de Torres. Sur ce tableau, les oranges que tient la femme font écho à ses seins.

Dans ce morceau de seulement quarante secondes, on entend la voix de l’actrice Rossy de Palma – muse de Pedro Almodóvar – qui relate une relation qui l’a tirée aux enfers et dont elle a réussi à sortir. Elle mentionne aussi ne pas regretter ce qu’elle a vécu. Ces paroles symbolisent le début de la liberté de la flamenca dans El Mal Querer qui réussit à se défaire de sa relation avec son mari et à reprendre des forces. Une fin qui met en beauté la force d’une femme.

À gauche : clip de Rosalía – “Preso – Cap.6 : Clausura”. À droite : Julio Romero de Torres, <em>Naranjas y limones</em>, 1925-1926. (© Musée Julio Romero de Torres)