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Le fils de Ben Laden expose ses peintures en Normandie

Le fils de Ben Laden expose ses peintures en Normandie

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© Sandrine Ruaux/AFPTV/AFP

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Par Konbini avec AFP

Publié le

"Parfois, les gens vous jugent sur votre père mais ici, je me sens très libre. Je me sens libéré de la responsabilité des actes de mon père."

Des montagnes et des ciels rouge sang, des campements paisibles dans le désert ou des navires voguant la nuit sous la lune : Omar Ben Laden expose au Teilleul, dans la Manche, et ses tableaux commencent à se vendre dans le monde entier.

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Âgé de 41 ans, le fils du chef d’Al-Qaïda Oussama Ben Laden, abattu au Pakistan en 2011 par les forces spéciales états-uniennes, s’est mis à la peinture pendant le confinement. “On était à la maison, sans faire grand-chose. Ma femme peignait et je me suis dit que je devrais essayer”, raconte-t-il.

“J’ai appris en regardant des types sur YouTube […] et je suis tombé amoureux” de cet art, poursuit-il. Parmi de multiples autres occupations, peindre est devenu “la plus intéressante”. Quand on parvient à traduire ce que l’on souhaite, “on se sent très heureux”, dit-il.

La plupart des tableaux exposés, dont les plus grands ne dépassent pas 60 sur 80 centimètres, apparaissent comme des réminiscences de l’enfance et de l’adolescence d’Omar Ben Laden. Ses premières années, il les passe dans son pays natal, l’Arabie saoudite. “Puis, à partir de mes 10 ans, nous avons vécu avec mon père au Soudan, avant de partir [avec lui] en Afghanistan” quatre ans plus tard, raconte-t-il.

Deux pays qui l’ont profondément marqué. Le rouge sang des montagnes, c’est l’Afghanistan, “un pays magnifique”. “Le rouge, ce sont les souffrances, la guerre, les bombardements, la mort : voilà ce que ça veut dire […]. C’était la période la plus difficile de ma vie.” Un tableau, “ça devient une partie de vous”, analyse-t-il, relevant au passage que “quelque chose de moi vit en Afghanistan”.

Après cinq ans dans ce pays, dont il garde pourtant des souvenirs éblouis, il quitte son père à 19 ans. Commence alors une vie d’itinérance dans plusieurs pays arabes, jusqu’à son arrivée en France et son installation en Normandie en 2016.

Devenu “artiste en France”

En 2021, une première exposition avait été interrompue par le confinement. Cette fois, une trentaine de tableaux, souvent très colorés, est présentée dans une immense brocante en bordure de route, à l’invitation du gérant du lieu avec lequel le peintre a sympathisé.

“Depuis les premiers papiers sur son travail, on vend beaucoup, dans le monde entier. L’exposition n’a pas encore été inaugurée mais certains tableaux sont déjà réservés […]. Le nom de Ben Laden fait vendre”, reconnaît le commerçant, Pascal Martin.

Les tarifs s’échelonnent de 750 euros pour les plus petits à 2 500 pour les plus grands. À des étudiant·e·s qui voulaient s’offrir une de ces toiles, “on a fait des ventes échelonnées”, souligne M. Martin. Celui qui signe ses œuvres OBL se sent “apaisé” quand il peint. “Je me sens plus heureux si je réussis. Sinon, je recommence encore et encore”, précise-t-il.

Loin des villes qu’il dit exécrer, cet amoureux de nature, de grands espaces et de liberté apprécie sa nouvelle vie. “Parfois, les gens vous jugent sur votre père”, affirme-t-il, en référence principalement aux pays arabes où il a séjourné après son départ d’Afghanistan. “Mais ici, je me sens très libre. Je me sens libéré de la responsabilité des actes de mon père […]. Personne ne me juge, on me respecte et on me laisse en paix.” Et, se réjouit-il, “en France, je suis devenu un artiste”.