L’arnaqueuse Anna Sorokin a encore réuni ses 3 passions : l’argent, l’art et elle-même

L’arnaqueuse Anna Sorokin a encore réuni ses 3 passions : l’argent, l’art et elle-même

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© Timothy A. Clary/AFP ; Netflix

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Par Lise Lanot

Publié le , modifié le

Sortie de prison (mais assignée à résidence et privée d’Instagram), Anna Sorokin s’est fait 340 000 dollars grâce à ses œuvres.

Anna Sorokin est sortie de prison en octobre dernier, et le moins que l’on puisse dire, c’est que son passage par la case détention n’a pas calmé ses envies de gros billets. Elle avait été emprisonnée en 2019 pour avoir escroqué des centaines de milliers de dollars à la crème de la crème new-yorkaise entre 2013 et 2017, se présentant sous l’identité d’Anna Delvey, une “riche héritière venue d’Allemagne” passionnée d’art.

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L’inculpée avait ensuite été incarcérée pour dépassement de la durée de son visa, ce qui ne l’a pas empêchée d’organiser deux expositions en 2022, présentant des dessins réalisés depuis sa cellule du New Jersey. Sortie de prison, elle continue de créer et, surtout, de vendre. Selon le New York Post, elle aurait récolté plus de 340 000 dollars en vendant ses œuvres.

No One is Safe, 2022. (© Anna Sorokin)

“C’est fou. On a vendu des tirages dans 40 ou 50 pays… C’est assez incroyable la façon dont son public réagit à tout ce qu’elle peut faire”, a déclaré le marchand d’art Chris Martine au média new-yorkais. Pas trop d’émules cependant, c’est bien ce genre de déclarations qui fait monter la sauce.

Sur toile, papier ou carton (les matériaux auxquels elle avait accès en prison), l’artiste réalise des portraits où elle apparaît – parfois en double – à côté de sa signature inscrite en grandes lettres dorées. La preuve sans doute que c’est son nom, son visage et son histoire (qui a inspiré la série Netflix Inventing Anna) plutôt que sa patte qui poussent le public à lui acheter ses œuvres.

Fidèle à sa folie des grandeurs et son audace, Anna Sorokin se représente vêtue de somptueux atours dans des situations plutôt cyniques. Dans Run it Again, on la voit par exemple insister auprès d’un employé pour qu’il “passe encore sa carte” tandis que ce dernier lui fait remarquer qu’elle lui tend une carte de métro.

Run it Again. (© Anna Delvey)

Anna Sorokin poursuit son business malgré les embûches. Premier obstacle : elle ne peut pas mettre un pied hors de chez elle, puisqu’elle est sous bracelet électronique, assignée à résidence. Deuxième obstacle : elle s’est fait bannir d’Instagram, lui privant l’accès à son million de followers.

Pas de problème pour celle qui a plus d’un tour dans son sac. Elle fait des apparitions virtuelles lors de ses expositions et s’est créé un compte sur le site Passes, une “plateforme pour les créateurs de contenu qui permet à leurs fans d’acheter l’accès à du contenu exclusif et des expériences. L’enthousiasme autour de sa personne irait parfois jusqu’à frôler le culte de la personnalité, tel que le rapportait Dazed après son exposition de mars dernier où des fans scandaient des formules demandant sa libération.

Dans Forbes, Anna Sorokin affirmait vouloir “inverser les choses sans essayer de glamouriser [ses] erreurs”. À voir combien de temps elle pourra surfer sur ses arnaques passées pour gonfler son compte en banque. À voir également si les arnaques resteront bien dans le passé : cette année, deux artistes ont affirmé s’être fait avoir par Anna Sorokin après avoir organisé une exposition de ses travaux. Tout le monde a le droit à une seconde chance, mais il faut peut-être réfléchir à deux fois avant de prêter ses économies à Anna.