La liste de cadeaux woke de nos journalistes art pour foutre le bordel au dîner de Noël

La liste de cadeaux woke de nos journalistes art pour foutre le bordel au dîner de Noël

Image :

© Binge ; Éditions Textuel ; La fabrique éditions ; Éditions Michel Lafon ; Gaze ; Éditions Divergences ; Trapeze ; Seuil ; Getty

photo de profil

Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le , modifié le

La liste de cadeaux parfaite pour vos jeunes cousines très déconstruites, mais qui déplaira à votre oncle réac.

“La liste de cadeaux à moins de 20 balles”, “La liste de cadeaux pour votre beau-frère fan de hockey sur gazon” ? Cette année, la rédaction de Konbini a décidé de plutôt choisir les cadeaux qu’elle aimerait recevoir. Parce qu’on est toutes et tous un peu différent·e·s et surtout parce qu’on n’a pas réussi à se mettre d’accord.

À voir aussi sur Konbini

Salut, c’est Donnia et Lise, les “filles de l’art”. On se passionne depuis six ans à écrire sur l’art, à déconstruire cette discipline et à la reconstruire en prônant de meilleures représentations. On garde toujours un œil ouvert sur les expositions à ne pas rater, sur les talents émergents, et certain·e·s d’entre vous ont déjà croisé notre chemin.

Mais nous, ce qu’on adore, c’est gâcher l’ambiance des dîners de famille et des conférences de rédaction. On ne sait parfois plus pourquoi on a cancelled la moitié de l’humanité, on ne sait plus rédiger autrement qu’en écriture inclusive et on est fatchiguées d’être en colère. Comme on est humaines, on aime quand même les cadeaux, parce qu’on vit dans une société capitaliste, que voulez-vous… Alors, si vous êtes comme nous ou ne savez pas quoi offrir aux gens comme nous, servez-vous, c’est cadeau.

Survivre au taf : Stratégies d’autodéfense pour personnes minorisées de Marie Dasylva

Le monde professionnel, cet univers impitoyable. Il est encore moins facile d’aller au boulot avec la banane quand on est une minorité. Une chose est sûre : vous vous sentirez compris·es en lisant Survivre au taf. À travers des exercices concrets comme la méthode “DDD”, du “disque rayé” ou des “300 secondes”, l’experte Marie Dasylva nous donne clefs et conseils pour faire face aux situations de lesbophobie, de validisme, d’islamophobie, de racisme, de harcèlement, à toutes les micro-agressions qui s’empilent au bureau et qui nous font douter. (D. Ghezlane-Lala)

Couverture de Survivre au taf, de Marie Dasylva. (© Éditions Daronnes)

Marie Dasylva, Survivre au taf : Stratégies d’autodéfense pour personnes minorisées, éditions Daronnes, 16 euros.

Imparfaites de Ludivine Gaillard

En plus d’avoir créé son compte Instagram @MieuxVautArtQueJamais, Ludivine Gaillard travaille en tant que médiatrice culturelle et, à force d’entendre des enfants lui demander pourquoi la madame elle est toute nue”, elle a eu l’idée d’interroger la place des femmes dans l’art occidental.

Si vous aussi, vous vous êtes toujours demandé pourquoi il semble y avoir si peu d’artistes femmes (comme Linda Nochlin), pourquoi elles sont si souvent affublées de “déguisements” orientalistes dans les peintures du XIXe siècle ou pourquoi elles fixent parfois si intensément le public, son livre est pour vous. Plein de questions, plein de réponses et, surtout, l’occasion d’en apprendre une tonne sur l’histoire de l’art tout en aiguisant son regard critique. (L. Lanot)

Couverture d’Imparfaites, de Ludivine Gaillard et Élise Enjalbert. (© First Éditions)

Ludivine Gaillard et Élise Enjalbert, Imparfaites. Représenter “la femme” dans l’art occidental : entre fantasmes et domination masculine, First Éditions, 21,95 euros.

Désirer à tout prix de Tal Madesta

“La course à la sexualité est-elle vraiment émancipatrice ?”, c’est la question que pose d’emblée Tal Madesta dans son essai Désirer à tout prixAu fil des pages, l’auteur et militant parcourt notre Histoire, de la libération sexuelle des années 1960 au sex-positivisme d’aujourd’hui afin de déconstruire le désir dans une société qui attend de nous une hypersexualité. À quel moment le sexe est-il devenu “obligatoire”, un indicateur de notre bonne santé et de celle de notre couple ?

Sa réflexion le pousse à repenser la famille nucléaire, à aborder l’importance de l’amitié et à s’attaquer aux liens qu’entretiennent capitalisme et patriarcat. “Le sexe est devenu un marché, et la non-sexualité une pathologie à guérir. […] Face à cette pression constante, désinvestir le désir sexuel constituerait peut-être une porte de sortie émancipatrice.” (D. Ghezlane-Lala)

Couverture de Désirer à tout prix, de Tal Madesta. (© Binge)

Tal Madesta, Désirer à tout prix, Binge, 15 euros.

Black Infinity, l’art du fantastique noir d’Ekow Eshun

Qui a dit que les questions liées au racisme et à l’injustice sociale devaient toujours être traitées sous le prisme du réalisme ? Certainement pas Ekow Eshun. Son livre Black Infinity, l’art du fantastique noir, présente près de 300 œuvres fantastiques réalisées par des artistes du continent ou de la diaspora africaine.

Ces réalisations “s’affranchissent des représentations occidentales” pour laisser espérer un futur “libéré des oppressions”. De quoi découvrir pléthore de nouveaux noms, mais aussi de nouvelles références cinématographiques, musicales et littéraires. Pour briller dans les dîners, au musée et dans sa tête. (L. Lanot)

Couverture de Black Infinity, l’art du fantastique noir, d’Ekow Eshun. (© Éditions Textuel)

Ekow Eshun, Black Infinity, l’art du fantastique noir, éditions Textuel, 49 euros.

Alger, capitale de la révolution d’Elaine Mokhtefi

“De Fanon aux Black Panthers”, Elaine Mokhtefi, militante états-unienne, revient sur ses jeunes années à défendre la cause algérienne, en pleine colonisation et guerre. L’autrice s’est installée en Algérie après l’indépendance, a assisté “aux premiers pas de la jeune république”, a accueilli “les Black Panthers en exil” et a participé “à mettre sur pied le Festival panafricain d’Alger”.

Journaliste et interprète pleine de convictions, Mokhtefi livre un témoignage précieux, sur une ville qui s’est imposée comme un QG des luttes anticoloniales du continent africain dans les années 1960, et qui a inspiré les nombreuses autres révolutions mondiales. Un grand bout d’histoire qu’il est important de rappeler, puisque nos livres scolaires peinent à l’enseigner. (D. Ghezlane-Lala)

Couverture d’Alger, capitale de la révolution, d’Elaine Mokhtefi. (© La fabrique éditions)

Elaine Mokhtefi, Alger, capitale de la révolution, La fabrique éditions, 15 euros.

Histoire de l’art sans les hommes de Katy Hessel

Essayez de citer cinq artistes femmes du XXe siècle. Facile ? OK. Du XIXe siècle ? Vous mettez un peu plus de temps, normal. Du XVIIIe ? Et du XVIe ? Franchement, c’est compliqué et pourtant, il y a du monde. Katy Hessel le prouve avec son ouvrage de près de 500 pages qui répertorie des centaines d’artistes femmes ayant révolutionné les pratiques plastiques et picturales.

Historienne de l’art, conservatrice et créatrice de la page @TheGreatWomenArtists, Katy Hessel s’est rendu compte qu’elle avait “exclusivement étudié l’histoire de l’art à travers un prisme masculin”. Généreuse, elle nous évite le même désarroi avec son livre documenté et illustré qui ne met pas de côté une réflexion décoloniale. Tout ce qu’il faut pour rentrer dans notre liste. (L. Lanot)

Couverture d’Histoire de l’art sans les hommes de Katy Hessel. (© Éditions Michel Lafon)

Katy Hessel, Histoire de l’art sans les hommes, Éditions Michel Lafon, 34,95 euros.

Un abonnement au magazine Gaze

En seulement deux ans d’existence, Gaze s’est imposé comme une référence dans le paysage médiatique et artistique. Sa fondatrice Clarence Edgard-Rosa s’est donné une sacrée mission : célébrer les regards féminins à travers un prisme intersectionnel, déconstruire l’histoire de l’art et révéler de nouveaux talents. Nous, ça nous parle.

Couverture du dernier numéro de Gaze.

Témoignages, récits, reportages, photographies, cette revue semestrielle est “entièrement pensée et faite par des femmes et personnes non-binaires et s’intéresse aux enjeux sociaux, intimes et culturels de la condition féminine”. Le tout avec une direction artistique pensée par Juliette Gabolde et Laura Lafon qui n’a rien à envier aux autres publications françaises culturelles. (D. Ghezlane-Lala)

Un an d’abonnement : 39 euros. Deux ans d’abonnement : 76 euros. Une revue : 20 euros. Les offres sont disponibles ici.

Défaire la police d’Elsa Dorlin, Jérôme Baschet, Serge Quadruppani, Irène et Guy Lerouge, et du Collectif Matsuda

Les violences policières sont réelles et ne cessent pas. Les (r)évolutions numériques ne font qu’amplifier cette évidence toujours plus documentée. Depuis Black Lives Matter, la mort de George Floyd mais aussi celle de Malik Oussekine et d’Adama Traoré, “faut-il en finir avec la police ?”, ou en tout cas la démanteler, la réformer ? L’essai collectif Défaire la police analyse les rapports de domination, de défiance vis-à-vis des forces de l’ordre et s’interroge sur la résolution de ce conflit. (D. Ghezlane-Lala)

Couverture de Défaire la police, d’Elsa Dorlin, Jérôme Baschet, Serge Quadruppani, Irène et Guy Lerouge, et du Collectif Matsuda. (© Éditions Divergences)

Elsa Dorlin, Jérôme Baschet, Serge Quadruppani, Irène et Guy Lerouge et le Collectif Matsuda, Défaire la police, aux éditions Divergences, 13 euros.

Un atelier d’art libre avec Maliv

On vous en parlait en 2021 et c’est toujours une bonne idée : les ateliers d’art libre avec Maliv sont un moyen agréable de faire le point et de recharger son inspiration. Pour tous niveaux et en groupes, l’artiste propose des séances de trois sessions de deux heures ou de neuf sessions, dans un cadre bienveillant.

Le but est de décomplexer, de se défaire des jugements, de méditer sur soi et autour de sa pratique artistique. Peinture, gravure, dessin, sculpture, les médias et thématiques sont pluriels pour permettre une libération créative. (D. Ghezlane-Lala)

Maliv dans son atelier. (© Ana Corderot/Konbini arts)

Atelier d’art libre avec Maliv, 3 sessions de 2 heures, 150 euros. 9 sessions, 400 euros.

White Tears/Brown Scars : How White Feminism Betrays Women of Color de Ruby Hamad

Dans White Tears/Brown Scars: How White Feminism Betrays Women of Color (“Larmes blanches/cicatrices marrons : comment le féminisme blanc a trahi les femmes de couleur”), Ruby Hamad se demande “comment nous avons été conditionnées à privilégier le confort émotionnel des personnes blanches”. Prônant un féminisme intersectionnel, l’autrice revient aux sombres heures de notre Histoire : celle qui a engendré la norme et la suprématie blanche.

Les émotions des personnes racisées ont historiquement toujours été ignorées tandis que celles des personnes blanches servaient parfois d’armes d’oppression, à l’ère de l’esclavage et du colonialisme. Ce livre “raconte une histoire chargée de participation active de femmes blanches à des campagnes d’oppression. Il offre une validation attendue depuis longtemps des expériences des femmes de couleur”. (D. Ghezlane-Lala)

Couverture de White Tears/Brown Scars: How White Feminism Betrays Women of Color, de Ruby Hamad. (© Trapeze)

Ruby Hamad, White Tears/Brown Scars: How White Feminism Betrays Women of Color, Trapeze, 8,99 livres Sterling.

Un atelier de dessin sur modèle vivant·e avec le PAON

Que vous soyez bon·ne ou mauvais·e dessinateur·rice, les ateliers de dessin du PAON font toujours un bien fou. En 2021, on avait testé leur cours sur modèle vivant·e nu·e et on avait adoré. Ponctué d’exercices à contraintes, cet atelier sert à délier votre main, à abandonner l’idée de perfection et à vous laisser aller. En plus de cela, vous apprendrez quelques techniques de perspective. (D. Ghezlane-Lala)

Atelier de dessin sur modèle vivant·e, Le PAON, 12 euros. Les autres ateliers sont disponibles ici, ou sous la forme de bons cadeaux et abonnements.

Elles étaient peintres de Martine Lacas

Elles étaient peintres retrace les parcours et œuvres d’artistes femmes que l’Histoire a préféré oublier et ignorer, “du début du XIXe siècle, tout juste sorti de la Révolution française, jusqu’à la violente rupture de la Première Guerre mondiale”.

Martine Lacas aborde le phénomène de féminisation du Salon officiel, à Paris, qui accueillait artistes russes, états-uniennes, britanniques et nordiques ; la hiérarchie des genres picturaux ; l’avant-garde des peintres ; ainsi que la multiplication des ateliers et diplômes d’art pour jeunes femmes. Parfait pour votre sœur féministe qui voudrait avoir quelques références artistiques supplémentaires. (D. Ghezlane-Lala)

Couverture d’Elles étaient peintres, de Martine Lacas. (© Seuil)

Martine Lacas, Elles étaient peintres, Éditions du Seuil, 45 euros.

Une histoire mondiale des femmes photographes de Luce Lebart et Marie Robert

Une histoire mondiale des femmes photographes est le pendant photographique d’Elles étaient peintres. “Rares sont celles dont les noms sont parvenus jusqu’à nous, disparaissant du récit de la création au profit des ‘grands maîtres’.”

En partant de ce triste constat, cet ouvrage présente 300 photographes femmes et 450 images, de l’invention du médium à la révolution numérique actuelle, et considère l’appareil photo comme un véritable outil d’émancipation. Un cadeau toujours destiné à votre sœur féministe en recherche constante de nouvelles références artistiques, mais cette fois-ci plus photographiques. (D. Ghezlane-Lala)

Couverture d’Une histoire mondiale des femmes photographes, de Luce Lebart et Marie Robert. (© Éditions Textuel)

Luce Lebart et Marie Robert, Une histoire mondiale des femmes photographes, éditions Textuel, 69 euros.

Un soin HydraFacial chez Epilium & Skin

Parce que la charge militante est réelle et que ça fatchigue de vouloir saigner le patriarcat et les discriminations. Un petit “me time” ne fait jamais de mal et pour ça, il y a le soin HydraFacial d’Epilium & Skin. Après ce moment détente, on espère que les injustices de notre monde boulocheront autant que vos peaux mortes après un peeling et quelques peptides. Restons hydraté·e·s, c’est important. (D. Ghezlane-Lala)

Soin HydraFacial, Epilium & Skin, 6 rue de Florentin (Paris), 150 euros.

Article coécrit par “les filles de l’art”, Lise Lanot et Donnia Ghezlane-Lala.