La Nasa a capturé des photos spectaculaires du morcellement d’un glacier.
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“B-46 est un long morceau qui s’est détaché de la barrière de glace de l’île du Pin – la barrière de glace étant l’extrémité flottante du glacier parvenant à la mer. L’iceberg est déjà en train de se morceler en plusieurs sections qui vont devenir d’autres icebergs indépendants.” (© Thomas Prior/<em>National Geographic</em>)
Le glacier de l’île du Pin, situé à l’ouest de l’Antarctique, est un des courants glaciaires fondant le plus rapidement du continent austral. S’en décrochent donc parfois des blocs de glace. Fin octobre 2018, une équipe du magazine National Geographic, installée à bord d’un avion survolant le glacier à 450 mètres de hauteur, a été témoin du détachement d’un immense bloc du glacier.
Créant un gouffre aux airs de canyon enneigé, la formation de ce nouvel iceberg a ébahi les scientifiques ainsi que des photographes de la Nasa, qui en ont rapporté des images stupéfiantes pour National Geographic. Les photographies nous font presque entendre le craquement de la glace et le crissement de nos pas imaginaires sur la banquise. Vu d’en haut, le glacier (aux allures de glaçage de gâteau) semble s’étendre à l’infini.
Complètement sidéré·e·s par le phénomène qui se déroulait directement sous leurs pieds, les scientifiques ont eu du mal à déterminer la taille du bloc de glace détaché : “Il est très difficile de mesurer l’ampleur de ce que nous regardons. Mais c’est absolument incroyable. Spectaculaire”, racontait une des chercheuses à National Geographic, directement depuis l’avion. Les premières estimations indiquaient qu’il faisait cinq fois la taille de Manhattan, un autre trois fois la taille de l’île new-yorkaise (soit environ 183 km2) et certains sites annonçaient dernièrement la superficie gigantesque de 700 km2, soit presque sept fois la taille de Paris.
Des images grandioses mais inquiétantes
C’est en septembre que les scientifiques ont remarqué pour la première fois une importante fissure dans le glacier de l’île du Pin – fissure peut-être présente depuis plus longtemps mais masquée par l’hiver austral. National Geographic précise que le Pine Island Glacier est placé sous l’examen constant des chercheurs puisque c’est l’un des glaciers les plus mouvants de la planète : “La fonte du glacier, due à la chaleur de l’eau de mer qui passe sous la glace à la merci des vents et courants changeants de la région, joue un rôle important dans l’augmentation du niveau de la mer à l’échelle planétaire.”
B-46 – c’est le petit nom donné à ce nouvel iceberg – n’est pas le plus gros à s’être jamais détaché du glacier de l’île du Pin. Des blocs de glace encore plus imposants se sont séparés de lui ces dernières années. Ce qui a impressionné les scientifiques cette fois-ci, c’est surtout la rapidité avec laquelle B-46 s’est décroché du glacier mais aussi sa proximité dans le temps avec la dernière occurrence d’un tel évènement :
“Au début des années 2000, le glacier de l’île du Pin se délestait de gros icebergs environ tous les six ans. Mais ces cinq dernières années, il y a eu quatre récurrences de ce type de phénomènes. Depuis les années 1970, le bord du glacier a reculé de plusieurs dizaines de miles [10 miles soit environ 16 kilomètres, ndlr].”
Si les chercheurs soulignent bien que la corrélation entre le morcellement des banquises et le réchauffement climatique est à problématiser – puisque la relation de cause à effet n’est pas toujours aussi simple qu’elle n’en a l’air –, la récurrence de plus en plus élevée de ce type d’événements inquiète tout de même les chercheurs.
En effet, plus le climat se réchauffe, plus la banquise se scinde et fond, causant ainsi une hausse du niveau de la mer et des dérèglements concernant la navigation maritime mais aussi pour certains pays qui voient les océans lentement gagner du terrain sur la terre, à l’instar du Bangladesh. Ces dernières années, la mer d’Amundsen, située dans l’océan Austral, se serait réchauffée d’environ 1 degré Celsius.
Selon National Geographic, de nombreuses crevasses se sont déjà creusées dans l’iceberg. Au gré des vents et des courants de l’océan Austral, ces fissures indiquent que B-46 va continuer à se diviser en plusieurs morceaux, eux-mêmes plus facilement susceptibles de fondre. Les photographies prises par la Nasa sont aussi impressionnantes par la beauté qu’elles dégagent que par la sonnette d’alarme qu’elles tirent.