Citoyenne du monde, Aryanà Francesca Urbani remet en question le concept de frontières entre les états.
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Imagined Borders est un projet mené par Aryanà Francesca Urbani, une chercheuse en relations internationales à l’université de la Sorbonne. Le concept de frontière dépasse cette photographe née en Iran, détentrice d’un passeport italien et élevée dans six pays différents en Asie et en Afrique.
Grâce à Google Earth, elle réunit des captures d’écran aériennes sur lesquelles elle trace en jaune les réelles frontières entre chaque pays : le Mexique et les États-Unis, Israël et la Palestine, la Namibie et le Botswana, le Vietnam et le Laos, et bien d’autres. Les lignes rouges matérialisent les conflits et les frontières que deux pays se disputent tandis que les croix représentent les points cardinaux. Le titre du projet trouve son origine dans un ouvrage de Benedict Anderson, Imagined Communities: Reflections on the Origin and Spread of Nationalism (Verso, 1983).
Le paradoxe des frontières dans une société de libre-échange
À travers son projet progressiste, Aryanà Francesca Urbani dénonce visuellement l’absurdité de toutes ces frontières fabriquées par l’homme, qui séparent artificiellement les pays. Passant parfois en plein milieu d’une forêt, d’une ville ou d’un plan d’eau, ces lignes jaunes indiquant les limites d’un état ne semblent jamais à leur place.
Sur son site, elle explique : “À une ère de libre-échange, la question de liberté de circulation semble être le pilier le plus instable de notre mondialisation avancée.” Elle rajoute que “c’est une manière de questionner le rôle des frontières dans des concepts sociétaux comme l’identité nationale et l’appartenance nationale”.
Elle cite ensuite un texte de l’universitaire palestino-américain Edward W. Said, Culture et Impérialisme (Fayard, 2000), dans lequel il expose son enquête géographique : “La Terre est un monde unique où il n’y a pas d’endroits vides et inhabités.” Il précise aussi que la géographie et les frontières ne se limitent pas “aux soldats et aux canons”, mais ont également trait “aux idées, aux formes, aux images et à l’imaginaire”. On pourrait y voir comme une réponse au Muslim ban, le traité anti-immigration de Trump, et à ce renfermement progressif du monde sur lui-même.