La Steven Kasher Gallery présente des images touchantes de Bob Dylan avant que sa carrière n’explose, au début des années 1960.
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En 1961, un photographe indépendant reçoit un appel de la maison de disques Columbia Records qui lui propose de suivre leur dernière recrue, un jeune chanteur de folk “un peu inhabituel”. Si le photographe, Ted Russell, n’était pas plus emballé que ça par la musique de l’artiste, il a tout de même senti “quelque chose de prometteur” et est allé prendre des images du chanteur en concert quelques jours plus tard.
Cet artiste, “un peu inhabituel”, d’une vingtaine d’années était tout simplement Bob Dylan, et si Ted Russell n’est finalement jamais tombé sous le charme du talent du chanteur, cela ne l’a pas empêché de prendre des clichés intimistes de Dylan dans les années 1960. Le New York Times précise qu’en 1963 et 1964, Ted Russell a de nouveau photographié le musicien pour le magazine Life.
Les monochromes pris en 1961 sont restés plus ou moins confidentiels pendant plus de trente ans, jusqu’à ce que l’agence de photos Sygma ne les diffuse. Aujourd’hui, ces images sont publiées dans un livre (édité par Rizzoli) et exposées dans une galerie new-yorkaise, la Steven Kasher Gallery, dans le cadre de l’exposition “Ted Russell: Bob Dylan NYC 1961-1964” jusqu’au 3 juin 2017.
20 ans et presque célèbre
Les photographies retracent les débuts de la carrière du prodige du Minnesota sur les petites scènes de la Grosse Pomme, à l’aube de sa gloire, lorsqu’il commence à recevoir ses premiers prix. Ce sont cependant les premières images de Ted Russell qui attirent l’œil. Elles présentent Dylan dans son appartement de Greenwich Village, au côté de sa compagne Suze Rotolo ou seul, face à sa table d’écriture, se préparant pour un concert.
Le photographe parvient à nous faire entrer dans l’intimité du compositeur. Selon Russell c’est parce que, “dans la tradition d’Henri Cartier-Bresson”, il se comportait comme une petite souris, simple observateur du jeune homme. C’est pour cette raison qu’il affirme au New York Times ne jamais avoir appris à connaître Dylan :
“Je veux être un observateur, pas un participant. Je leur ai dit de faire comme si je n’étais pas là, de m’ignorer et c’est exactement ce qu’ils ont fait. Donc il n’y avait quasiment aucune conversation. […] Mon travail était de fermer ma bouche et d’ouvrir mes yeux, et c’est ce que j’ai fait. Donc je ne peux pas vous dire grand chose à son propos. Même si vous me donniez un million de dollars là, tout de suite, je ne pourrais pas me rappeler une seule parole que nous ayons échangée.”
Cinquante ans après, et alors que Bob Dylan est aujourd’hui le récipiendaire d’un prix Nobel de littérature, il est touchant de contempler ces images d’un jeune homme innocent qui ne connaît pas encore la gloire.
La galerie Steven Kasher présente l’exposition “Ted Russell: Bob Dylan NYC 1961-1964″ jusqu’au 3 juin 2017.