Des images du rassemblement contre les violences policières de Bobigny

Des images du rassemblement contre les violences policières de Bobigny

La photographe Diane Moyssan était à Bobigny lors du rassemblement contre les violences policières. Elle nous livre son témoignage en images. 

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Suite au viol présumé du jeune Théo par des forces de l’ordre le 2 février dernier à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), plus de 2 000 personnes se sont réunies samedi dernier à Bobigny pour manifester contre les violences policières. La photographe Diane Moyssan était sur place, face au tribunal de grande instance, au milieu de la foule.

La jeune femme, qui a plutôt l’habitude de réaliser des photos de voyages d’inspiration, a ressenti le besoin de venir mettre en images cet événement important, une sorte de devoir de mémoire, véritable volonté de s’engager par l’image et de “pouvoir soutenir la demande de vérité et de justice”. Si, à titre personnel, elle n’a jamais été concernée par les violences policières, ce sujet semble lui tenir à cœur : 

“C’est assez complexe, en tant que blanche qui n’habite pas dans ces quartiers, qui ne vit pas personnellement les injustices, les blessures pouvant même être mortelles, de pouvoir se dire touchée par ces évènements. Et pourtant… ce sujet me concerne comme il devrait toucher n’importe qui d’autre. C’est aussi ce qui m’a profondément bouleversée, de voir autant de personnes d’origines, de milieux et d’âges différents qui se battent pour un seul objectif commun : la justice.”

Des références à Adama Traoré

Les images capturées par Diane Moyssan montrent les pancartes réalisées par les manifestants. Elles rappellent avec justesse les nombreuses violences policières, faisant notamment référence à Adama Traoré, décédé lors d’une interpellation l’été dernier dans le Val-d’Oise ou encore à Zyed et Bouna, deux jeunes morts dans un transformateur électrique après avoir tenté de fuir la police.

La photographe relate son expérience sur place. Elle explique que la manifestation était “pacifique, totalement pacifique” et qu’il y régnait une véritable atmosphère d’un ras-le-bol général”. Puis, elle nous raconte que peu à peu, l’événement a dégénéré, perturbé par une minorité de casseurs :

“J’étais toute seule. J’ai parlé à quelques personnes pendant la manifestation, j’ai échangé des sourires aussi. Beaucoup […]. Plus la situation a dégénéré, plus les contacts entre les personnes présentes étaient de l’ordre de l’aide : trouver comment rentrer chez soi, plus de métro, trouver où aller pour s’éloigner au maximum.”

Alors que le rassemblement suivait son cours, des groupes isolés ont commencé à commettre de nombreux actes de vandalisme visant le tribunal de grande instance. Des projectiles ont été lancés, les vitres du Palais de Justice ont été brisées, le mobilier urbain a été détruit et une voiture a été brûlée. D’après la photographe témoin de la scène, ces actes violents ne sont pas représentatifs du rassemblement :

“Une minorité de personnes qui s’enflamment, emportent et décrédibilisent tous les efforts de manifestants pacifiques, pleins de rêves et de revendications justes.”

La police est intervenue, en répliquant à coup de grenades lacrymogènes et de balles de défense. Les affrontements ont duré plusieurs heures et une trentaine de personnes ont été interpellées. La photographe explique elle-même n’avoir plus réussi à ouvrir les yeux à cause des gaz lacrymo. Consternée par la tournure violente et soudaine qu’on prit les événements, la photographe a tout même tenu à rester jusqu’à la fin du rassemblement : “Je voulais tout voir, tout avoir en images, les regards qui se transformaient peu à peu, qui passaient de visages remplis d’espoir à des visages remplis de rage.” Ses clichés en noir et blanc témoignent de l’événement et ont pour but “d’apporter, à [son] échelle, [son] soutien et le souvenir de ce combat pour la justice.”

Vous pouvez retrouver le travail de Diane Moyssan sur son site personnel, son compte Instagram et sa page Facebook