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Gal et Masina, un couple d’artistes trans, racontent les violences de leur passé en images

Gal et Masina, un couple d’artistes trans, racontent les violences de leur passé en images

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© Gal Cipreste Marinelli/Rodrigo Masina Pinheiro

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Par Lise Lanot

Publié le , modifié le

Un projet "né d’un désir de revanche" pour "sortir du silence" et créer un espace de sécurité pour les personnes trans.

Rodrigo Masina Pinheiro et Gal Cipreste Marinelli se sont rencontré·e·s sur Tinder. “Très rapidement”, les deux personnes se mettent en couple et leurs conversations dévient de plus en plus vers des “idées artistiques”“Masina avait déjà l’idée d’un projet photo autour des violences de genre subies pendant son enfance et Gal commençait à l’aider à produire les images”, retrace le duo.

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L’entraide devient une collaboration à part entière, une collaboration où les “autobiographies s’entremêlent” afin de parler “de transition, de famille, de violence, de genre et de rencontres”. Les douleurs passées deviennent le terreau d’un projet de 130 images conçues “comme un livre photo” où se rencontrent des travaux photographiques, dessinés, sculptés, performés.

GH, 2021. (© Gal Cipreste Marinelli/Rodrigo Masina Pinheiro)

C’est un travail “long et lent” de quatre ans qui s’est révélé “fondamental” pour le duo exposant aux Rencontres photographiques d’Arles dans le cadre du Prix Découverte Louis Roederer. “Notre intention est aussi vaste que simple. On veut sortir du silence. Aider à trouver un vocabulaire visuel qui raconte les existences telles que les nôtres.”

La série mélange images en noir et blanc, portraits et natures mortes. Un choix notable puisque, comme le note le duo, la plupart des projets artistiques concernant des “sujets sociopolitiques” tels que le leur s’appuient généralement “sur la représentation et la présence figurative du corps”.

GH, 2021. (© Gal Cipreste Marinelli/Rodrigo Masina Pinheiro)

Mais Gal et Masina fuient le voyeurisme comme la peste. Il ne s’agit pas pour le duo de vouloir “montrer à quoi ressemble une personne trans” mais de créer un espace cathartique de sécurité – pour les artistes, tout comme pour le public. “Notre projet est né d’un désir de revanche. Trouver un moyen de redéfinir le souvenir de la douleur sans créer de nouvelle plaie”, éclaircissent Gal et Masina.

Leur projet part de leur expérience personnelle pour s’en détacher et viser l’universel : “Nous voulions matérialiser l’expérience de la douleur en dehors de nous-même, la manipuler loin de nous-même afin qu’elle ne fasse plus partie de nous.”

GH, 2021. (© Gal Cipreste Marinelli/Rodrigo Masina Pinheiro)

Choisir de photographier des objets et d’user de symboles leur permet de narrer l’indicible, de raconter des automatismes pris de façon parfois inconsciente par les personnes queers et trans : “Il existe un héritage de honte, de peur, une volonté douloureuse d’épargner les membres de sa famille, d’effacer son existence alors même qu’on a besoin d’exister.”

Ce désir de montrer plutôt que dire s’accompagne d’une absence de légendes, de photographies “pas toujours évidentes” et l’intention claire de “ne pas mettre en spectacle la douleur”. “La violence subie par Masina, par exemple, était une violence publique. Les gens dans la rue voient et n’agissent pas. On ne veut pas d’un public inerte qui ne réfléchit pas”, détaille Gal. Leurs 130 images cherchent un équilibre constant entre “subtilités” et “franchise directe”, pour tenter au mieux d’appréhender les douleurs du passé et l’espoir futur.

GH, 2021. (© Gal Cipreste Marinelli/Rodrigo Masina Pinheiro)

GH, 2021. (© Gal Cipreste Marinelli/Rodrigo Masina Pinheiro)

GH, 2021. (© Gal Cipreste Marinelli/Rodrigo Masina Pinheiro)

GH, 2021. (© Gal Cipreste Marinelli/Rodrigo Masina Pinheiro)

GH, 2021. (© Gal Cipreste Marinelli/Rodrigo Masina Pinheiro)

GH, 2021. (© Gal Cipreste Marinelli/Rodrigo Masina Pinheiro)

GH, 2021. (© Gal Cipreste Marinelli/Rodrigo Masina Pinheiro)

GH, 2021. (© Gal Cipreste Marinelli/Rodrigo Masina Pinheiro)

Vous pouvez retrouver le travail de Rodrigo Masina Pinheiro ici, et celui de Gal Cipreste Marinelli . Leur projet est exposé aux Rencontres photographiques d’Arles jusqu’au 25 septembre 2022, dans le cadre du Prix Découverte Louis Roederer.

Konbini, partenaire des Rencontres photographiques d’Arles 2022.