Cela partait d’une bonne intention.
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La récente initiative lancée par le collectif artistique Loose London, qui visait à mettre en avant le travail d’artistes exclusivement féminines dans une exposition collective, aurait pu être saluée, mais il en a été autrement. On peut déplorer la tendance actuelle de surfer sur cette prise de conscience globale concernant le manque de représentation des femmes dans le milieu de l’art, mais on ne peut tout de même pas reprocher aux institutions de vouloir “naturellement” mettre en avant la création féminine au travers d’expositions inclusives ou de parcours dédiés au sein de festivals.
“C’est toujours mieux que rien”, comme dirait le célèbre (et triste) adage. On se demande simplement si cette conviction restera aussi vive une fois que l’engouement de toutes ces institutions aura fané. En attendant, il vaut mieux apporter de la visibilité à ces femmes artistes plutôt que de les laisser évoluer dans l’anonymat.
Du 26 au 28 octobre 2018, Loose London − fondé par un trio masculin réunissant Joe Goicoechea, Charlie Warcup et Sam Hamer − avait prévu d’organiser une exposition collective mettant en lumière des artistes féminines, au Shop 11 de la Old Truman Brewery, à Londres. Et c’était tout à leur honneur d’être à l’origine d’une telle initiative. Pris à leur propre jeu, ils se sont rendu compte, après coup, que leur exposition collective ne respectait pas totalement le principe de la diversité. Grossier bilan : ils n’ont programmé que des artistes blanches.
On veut bien leur laisser le bénéfice du doute et ne pas remettre en cause l’ambition féministe de ce collectif hybride pro-beer qui partage ses activités entre la curation, l’édition de fanzines, l’organisation d’événements cool et culturels, ou encore le merchandising de T-shirts et goodies à son nom. Loose London n’en est d’ailleurs pas à sa première exposition, mais il n’empêche qu’ils ont omis de sélectionner des artistes issues de différentes communautés et origines : noires, asiatiques, arabes, etc.
Parmi ces artistes sélectionnées pour l’exposition, on retrouvait essentiellement des illustratrices, photographes et peintres : Daisy Parris, Chloe Sheppard, Giulia Bersani, Megan Doherty, Rachel Louise Hodgson, Ashley Miller, Florence Hutchings ou encore Polly Nor. Dans le cadre de l’exposition, ces artistes devaient témoigner de leur expérience du monde, en tant que femmes, à travers leurs œuvres.
Après avoir communiqué sur l’événement, qui devait s’appeler “Loose Women” (titre un peu limite pour l’idée de mise en valeur, car ici on peut lui donner le sens de femme légère, débauchée), Loose London a décidé d’annuler la manifestation artistique hier après-midi en postant un message sur son compte Instagram :
“On nous a récemment fait remarquer que nous avons créé, sans mauvaise intention, un line-up non diversifié, entièrement composé de femmes blanches. Nous sommes conscients que cela n’est pas une bonne chose, mais cela n’a pas été fait de manière délibérée de notre part. On voulait monter une exposition autour de l’art que nous aimons, et c’est aussi simple que cela. Nous pensons que la seule chose à faire est d’annuler l’événement. Nos plates excuses et nous espérons que vous comprendrez. Les Loose Boys.”
Avec un recul nécessaire, le collectif a décidé de ne pas faire l’autruche et de ne pas poursuivre l’organisation d’un tel événement. Cette annulation et cette remise en question de leur choix de programmation sont tout à leur honneur. La prochaine fois, ils réussiront peut-être à faire preuve d’une inclusion ethnique, tout en prônant la diversité féminine.