Entre installation et photo, l’artiste Chris Engman vous invite à entrer dans une image

Entre installation et photo, l’artiste Chris Engman vous invite à entrer dans une image

photo de profil

Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le , modifié le

En jouant sur des effets de perspective, l’artiste Chris Engman nous emmène au-delà du réel.

À voir aussi sur Konbini

N’avez-vous jamais rêvé d’entrer dans une photo et de pouvoir vous balader dans le décor, ou dans le paysage représenté ? L’artiste américain Chris Engman a rendu ce grand fantasme possible en créant une installation trompe-l’œil qui semble plate, comme une image, au premier coup d’œil, et qui, en réalité, est un décor dans lequel le visiteur peut se balader. Il peut ainsi littéralement “entrer dans l’image”.

Habituellement, il transpose des ambiances de paysages naturels comme des grottes, des déserts, des forêts, des mers, ou des chutes d’eau dans des installations d’intérieurs domestiques en format rectangulaire, comme le cadre d’une photo grand format prise en paysage. Ce qu’il nous semble n’avoir aucune profondeur, aucun relief est en fait un décor à contempler, entièrement reproduit à partir de photos. Engman place souvent ses installations dans des intérieurs comportant des ouvertures, portes ou fenêtres, pour ajouter cette idée “d’entrer” dans l’œuvre et ainsi troubler la perception du visiteur.

“Je crois que la photographie tire son pouvoir précisément du fait qu’elle ne peut pas être saisie, même si nous en avons envie”, explique l’artiste au site This Is Colossal. “Quand je fais des photos, j’essaie de m’en souvenir, même de les exploiter.” La photographie ne lui suffisant pas, il l’utilise comme un outil pour reconstituer le paysage qu’elle renvoie, et ainsi matérialiser physiquement le souvenir de ce lieu.

S’il n’était pas possible de pénétrer dans ses précédentes œuvres, Chris Engman a conçu sa dernière installation, baptisée Containment (ci-dessus), pour que le visiteur puisse se balader à l’intérieur − bien qu’il ressente, avant, une petite hésitation face à cette parfaite illusion, craignant de se cogner dans le décor. Cette œuvre fait partie de la biennale FotoFocus, et est accompagnée de plusieurs photographies de l’artiste visibles à la galerie d’art Alice F. & Harris K. Weston jusqu’au 18 novembre 2018. Engman aura droit à une troisième exposition solo à la galerie californienne Luis De Jesus en février 2019.

Composée de plus de 300 tirages collés sur de faux murs, sol et plafond, cette installation photographique nous donne à voir un courant d’eau au milieu d’une forêt verdoyante. Et plus on avance dans le décor, plus il semble irréel :

“Tout de même, si on compare à une photographie encadrée, l’expérience de cette installation pour le spectateur est beaucoup plus physique et immersive. La structure est une pièce, et pas une photo d’une pièce. La photo est un objet, en plus d’être une illusion. Elle a du poids et du volume, et change au fur et à mesure que vous vous déplacez autour. Réaliser cette installation a été quelque chose de très excitant pour moi, et cette nouvelle manière de travailler m’a ouvert de nouvelles possibilités.”

Des puits de lumière sortent du plafond pour éclairer le paysage à la manière des faisceaux lumineux du soleil qui se frayeraient un chemin parmi les branches d’arbres pour percer. Au fond, une porte s’ouvre pour permettre au visiteur de sortir de l’autre côté, et créer une impression de marche infinie. Il suffit de fermer les yeux une fois arrivés au bout et d’imaginer le décor que nous venons de quitter pour prolonger l’expérience.

“Chris Engman: Prospect and Refuge”, exposition à voir dans le cadre de la biennale FotoFocus, à la galerie d’art Alice F. & Harris K. Weston jusqu’au 18 novembre 2018. Une prochaine exposition solo de Chris Engman aura lieu à la galerie Luis De Jesus (Los Angeles) en février 2019.