Entre arts et science-fiction, cette exposition vous ouvrira “les portes du possible”

Entre arts et science-fiction, cette exposition vous ouvrira “les portes du possible”

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© Aïda Muluneh

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Par Konbini avec AFP

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La commissaire a fait le choix de présenter de jeunes artistes pour "insuffler un tournant utopique", car cette génération est "celle qui dit qu’elle en a assez des dystopies".

Des romans emblématiques de science-fiction du XXe siècle face à des installations, des vidéos, des sculptures et des collages : le Centre Pompidou-Metz fait dialoguer arts plastiques et littérature pour montrer les “possibilités de tous les futurs imaginables”, des années 1950 à aujourd’hui, dans une exposition qui court jusqu’au 10 avril 2023.

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Elle “cherche à faire le pont entre la littérature et les arts plastiques”, car plus qu’un genre littéraire, la science-fiction est surtout “une méthode de pensée critique”, explique Alexandra Müller, commissaire de l’exposition. Un projet qui a germé pendant l’épidémie de Covid-19, au printemps 2020, période “où le quotidien ressemblait à de la science-fiction”, selon Mme Müller.

L’exposition est immersive et dense avec ses quelque 200 œuvres présentées. Elle cherche à “s’ancrer dans le contemporain” et “regagner un peu d’utopie”, poursuit la commissaire. Les références aux romans, genres et sous-genres de la science-fiction sont précises et nombreuses. Mais exit le space opera, Arrakis ou les galaxies très lointaines : ici, on troque “les futurs lointains” pour des “mondes plus proches, en lien avec le présent” et ses questionnements politiques, souligne Alexandra Müller.

Dans une scénographie originale, qui brise le “cube blanc neutre” de la muséographie pour ouvrir des brèches dans les murs, les installations surgissent de partout : sur les murs, du plafond jusqu’au sol où sont projetées des vidéos. Comme ces Cyborgs méditerranéens, de l’artiste tunisienne Aïcha Snoussi, de grands rouleaux de papiers qui tombent du plafond pour rejoindre des pierres, le tout recouvert d’inscriptions évoquant l’alphabet arabe et de dessins renvoyant à “une société à la fois futuriste ou ancestrale”. Le parcours se divise en cinq parties, dont les titres reprennent les grands noms de la SF, du Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley à la Parabole du Semeur d’Octavia E. Butler.

Cyberespace et afrofuturisme

À l’entrée de chacun des espaces, des romans emblématiques du genre sont accrochés, faisant face aux vidéos, tableaux, photos, collages et installations : 20 % viennent des collections du Centre Pompidou à Paris, le reste directement des ateliers des artistes ou commandés spécialement pour l’exposition.

La commissaire a fait le choix de présenter de jeunes artistes pour “insuffler un tournant utopique”, car cette génération est “celle qui dit qu’elle en a assez des dystopies” et veut “dessiner des futurs désirables”, souligne Alexandra Müller. D’autres œuvres montrent aussi la prolifération de la surveillance dans nos vies, comme cette vidéo de Liam Young, In the Robot Skies, racontant une histoire d’amour naissante entre deux jeunes qui tentent d’échapper au contrôle de drones policiers omniprésents.

Enfin, la dernière partie est consacrée aux imaginaires non européens, notamment à l’afrofuturisme, qu’il est “normal” de voir enfin exposés dans une institution comme le Centre Pompidou : “C’était anormal avant de traverser des espaces dans lesquels on n’existait pas”, raconte Nadia Chonville, romancière martiniquaise de 33 ans qui a écrit un essai dans le catalogue de l’exposition.