En Ukraine, les enfants dessinent la guerre

En Ukraine, les enfants dessinent la guerre

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Par Konbini avec AFP

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"Nous avons décidé qu’il était utile de rappeler à tous les adultes et au monde entier que les enfants voient tout, vivent tout, ressentent tout."

Une tête de femme bleue et jaune, comme le drapeau ukrainien, avec un mince filet de sang coulant sur sa joue : telle est l’une des plus de 300 images de la guerre dessinées par les enfants, exposées dans le métro de Kyiv.

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“Nous avons décidé qu’il était utile de rappeler à tous les adultes et au monde entier que les enfants voient tout, vivent tout, ressentent tout”, dit à l’AFP Olena Sotnyk, vice-présidente de la fondation humanitaire internationale Future for Ukraine qui a organisé cet événement.

L’exposition “Enfants, Guerre, Avenir” a lieu à la station de métro Maïdan de l’Indépendance dans le centre de Kyiv, actuellement utilisée uniquement comme abri antibombardements. Les jeunes auteur·rice·s des dessins sélectionné·e·s dans tout le pays décrivent les horreurs de la guerre à Marioupol, port dans l’Est de l’Ukraine dont une vingtaine de milliers d’habitant·e·s auraient été tué·e·s selon Kyiv par des frappes russes, ainsi qu’à Boutcha ou à Borodianka, devenues symboles des crimes commis pendant l’occupation russe.

“Ces dessins ne sont rien d’autre que l’histoire de chaque enfant qui voit de ses propres yeux les événements en cours”

Certains dessins restent relativement optimistes : un soldat bouclant la sangle de son casque sourit, les femmes vêtues de bleu et de jaune portent des couronnes de coquelicots et la colombe de la paix est entourée de fleurs multicolores.

Mais certaines légendes sont aussi directes qu’émouvantes, voire effrayantes, venant d’un·e enfant : “Non à la guerre” ou “Je ne veux pas mourir”. “Le pire et le plus douloureux, c’est que des enfants innocents souffrent”, a dit à l’AFP Danylo Tsviok, co-organisateur du projet Maman, je vois la guerre.

Au moins 347 enfants ukrainien·ne·s ont été tué·e·s et 646 blessé·e·s depuis le début de l’invasion russe en février dernier, a indiqué le parquet général ukrainien. “Ces dessins ne sont rien d’autre que l’histoire de chaque enfant qui voit de ses propres yeux les événements en cours. Ce que ces enfants ressentent, c’est la peur de la guerre, l’anxiété. Mais d’un autre côté, il y a la foi, l’espoir, le soutien, la compréhension qu’il y aura des jours meilleurs à l’avenir”, poursuit M. Tsviok.

Pour Mme Sotnyk, le gouvernement ukrainien doit considérer comme victimes de la guerre les enfants du pays “peu importe qu’ils l’aient vue pendant trois heures ou qu’elle ait été là tout le temps”. “Contrairement à nous, les enfants ne peuvent pas prendre de décisions. Ils sont complètement dépendants des adultes et ils attendent de nous que nous agissions et que le monde arrête la guerre”, lance-t-elle.

“Que peuvent-ils faire maintenant, alors que la guerre se poursuit, que des missiles passent au-dessus de nos têtes ? Comment les enfants peuvent-ils réaliser leurs besoins élémentaires ?”, demande-t-elle. Sa fondation prévoit de créer un “musée numérique” où plusieurs milliers de dessins d’enfants pourront être vus par les gens du monde entier.