Des chefs-d’œuvre de peinture chinoise exposés pour la première fois en Europe

Des chefs-d’œuvre de peinture chinoise exposés pour la première fois en Europe

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© Hester Qiang/Unsplash

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

La collection exposée porte le doux nom de "pavillon de la félicité parfaite".

Une centaine de chefs-d’œuvre de peinture chinoise ancienne, réalisés par les maîtres des dynasties Ming (1368-1644) et Qing (1644-1912), sont exposés pour la première fois en Europe au musée Cernuschi à Paris jusqu’au 6 mars 2022.

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Ces encres noires relevées parfois de pigments bleus, verts ou roses et encadrées de calligraphies peintes sur des rouleaux de papier de soie, sont “l’équivalent pour les Européens des chefs-d’œuvre de la Renaissance italienne”, explique à l’AFP Éric Lefèbvre, directeur du musée et commissaire de l’exposition avec Maël Bellec.

Thème récurrent, les paysages s’enchaînent en grands formats, hiérarchisés entre ciel et terre : des sommets éthérés des montagnes aux anfractuosités profondes des reliefs, sur lesquels des arbres feuillus ou épineux se dressent vers l’infini ou s’enroulent, tortueux, entre des cascades tels des reptiles, puisant leur force dans un lac ou une rivière. Les personnages sont souvent représentés en miniature, sur un chemin ou sur un pont.

Ces œuvres d’art ont été rassemblées par le collectionneur Ho lu-kwong (1907-2006) avant d’être offertes au musée d’art de Hong Kong en 2018, co-organisateur de l’exposition. M. Ho a intitulé sa collection Chih Lo Lou, “le pavillon de la félicité parfaite”. Elles témoignent d’un moment clé de l’histoire de la Chine, entre le milieu du XVe siècle et le début du XVIIIe siècle, période marquée par une “profonde rupture historique et une alternance dynastique”, selon M. Lefèbvre.

Trois siècles qui retracent l’apogée et l’affaiblissement progressif des Ming, la prise de Pékin par des rebelles en 1644, l’avancée des forces manchoues vers le sud de l’empire, et l’établissement de la nouvelle dynastie Qing. Intitulée “Peindre hors du monde”, ce voyage emprunte l’itinéraire des “lettrés” et moines chinois, aspirant à se retirer dans les forêts et les montagnes pour échapper aux incertitudes de la vie mandarinale et aux affres de la chute de l’empire, “des lieux sacrés hors du temps où séjournent les immortels, sorte de paradis pour les taoistes”, explique M. Lefèbvre.

Parmi ces lettrés, recrutés par concours et formés depuis l’enfance, beaucoup refusent de mener une carrière officielle, tels Shen Zhou (1427-1509), fondateur de l’école Wu, et après lui Wen Zhengming (1470-1559). Un sens pictural nouveau naît de leur pinceau comme de ceux des célèbres moines Bada Shanren (1626-1705) et Shitao (1642-1707), tous deux issus de la famille impériale Ming et restés membres du clergé bouddhiste pendant plusieurs décennies avant de rejoindre le monde et d’y vivre de leur peinture.

Konbini arts avec AFP