“Sourcils broussailleux, yeux asymétriques, cernes, acné, nez tordu, pilosité faciale.” Voilà ce qu’on peut lire sur un portrait publié l’été dernier sur Instagram par Ally Naidoo, une maquilleuse professionnelle vivant à Los Angeles. Pas d’appel à la critique ou d’apitoiement ici. Si la jeune femme a décidé de pointer du doigt ce qu’elle appelle ses “imperfections”, c’était au contraire pour les accepter, les assumer et les porter en étendard, faisant fi des critiques d’autrui.
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Ally Naidoo a partagé son montage sur Instagram parce que c’est sur ce réseau social qu’elle recevait le plus de messages haineux – concernant son physique et son utilisation du maquillage notamment. Il y a quelques jours, la youtubeuse Shera Kerienski, tombée par hasard sur l’image de la maquilleuse américaine, a publié son propre portrait annoté, enjoignant ses abonné·e·s à faire de même afin de contrer la tendance des réseaux à “nous faire complexer d’être nous, à faire de nous des personnes identiques, tant au niveau du style, du mode de vie que du physique”.
“Annonce : Si vous avez quelque chose de négatif à dire, rendez-vous service et passez votre chemin – votre négativité n’a rien à faire ici. Cette publication n’a rien à voir avec comment les autres me perçoivent, mais plutôt avec ce que je vois quand je regarde dans le miroir.
Tu es venu·e sur terre pour être réel·le, pas pour être parfait·e.
Récemment, certaines personnes se sont permis de dire qu’elles trouvaient que je mettais trop de maquillage et que je n’étais donc pas vraiment belle, ou que ma confiance en moi venait uniquement du fait que je sache bien me maquiller.
Effectivement, j’aime le maquillage. Je le vois comme une forme d’art qui me permet d’essayer de nouvelles choses, et me fait sortir de ma zone de confort. Cependant, ma confiance en moi ne vient pas du maquillage. Je peux atténuer certains de mes défauts avec du maquillage mais je les verrai toujours, qu’importe la couche de maquillage que je porte.
Je verrai toujours qu’un de mes yeux est plus petit que l’autre, même si j’essaie de l’ouvrir le plus possible, ainsi que toutes les autres imperfections que j’ai remarquées au fil du temps. Tout le monde ne les voit pas, ou pas de la même façon que moi, mais on a tous des défauts et personne ne doit vous dire comment ceux-ci devraient vous faire sentir – le mieux que les autres puissent faire, c’est de vous aider à les accepter plutôt que de vous détruire à cause d’eux.
En fin de compte, apprendre à accepter tout ce que je détestais auparavant chez moi m’a donné davantage de confiance en moi. C’est en s’aimant qu’on prend confiance.”
Devant l’engouement suscité auprès du million d’abonné·e·s de l’influenceuse française, Ally Naidoo a créé le hashtag #ImRealNotPerfectChallenge (#DéfiJeSuisRéellePasParfaite), insufflant une seconde vie au mouvement entamé l’année dernière. Depuis, des utilisateur·trice·s, le plus souvent français·e·s, partagent leur portrait commenté.
Sur son compte @TheFilterFacade, une Australienne publie quant à elle des versions avant/après de ces montages. La première image ressemble à n’importe quelle photo publiée tous les jours sur les réseaux, tandis que, sur la seconde, la jeune femme relève toutes les petites imperfections qui lui sautent aux yeux – et que nous n’aurions sans doute jamais remarquées.
“Cheveux décoiffés, sourire gêné, rides dans le coup, couleur de peau non uniforme, clavicules non apparentes, double menton, Pinocchio, sourcils effacés”. (Capture d’écran du compte Instagram @TheFilterFacade)
Si ce mouvement peut être cathartique, gare tout de même au retour de bâton. En effet, les “défauts” soulignés par les internautes renvoient à ce qui ne correspond pas aux critères de beauté dominants actuels, c’est-à-dire une peau lisse, une pilosité maîtrisée, des traits fins et symétriques, etc. Mettre en exergue ces caractéristiques en les définissant comme des imperfections étaye donc l’idée selon laquelle la perfection est immuable et unique.