Comment des images de singes en NFT se sont retrouvées au cœur d’un vol virtuel

Comment des images de singes en NFT se sont retrouvées au cœur d’un vol virtuel

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© Jamie Haughton/Unsplash

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Par Konbini avec AFP

Publié le

Cette collection de NFT était très prisée et réunissait parmi ses collectionneurs des personnalités publiques comme Eminem, Paris Hilton ou Neymar.

Coup de filet réel pour un vol virtuel de NFT : cinq personnes, soupçonnées d’avoir volé à leurs propriétaires des images de singe prisées de collectionneur·se·s en ligne, ont été mises en examen à Paris. Le préjudice est estimé à 2,5 millions de dollars. Ces cinq jeunes sont poursuivis dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour escroquerie en bande organisée, blanchiment de cette infraction et association de malfaiteurs, selon le parquet de Paris.

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Ils auraient récupéré frauduleusement entre fin 2021 et début mars 2022 la propriété de ces NFT, des certificats d’authenticité attachés à des biens numériques. Le parquet a indiqué avoir ouvert le 23 août une enquête préliminaire sur ces soupçons de vols, confiée à l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC).

Christophe Durand, le chef-adjoint de ce service, a expliqué à l’AFP que l’OCLCTIC avait commencé “fin 2021 d’initiative” à observer “les énervements de la communauté de propriétaires de la série limitée des singes Bored Ape Yacht Club” au sujet de vols de leurs NFT.

Ils ont ensuite “vérifié” les investigations réalisées sur le Web par un internaute, connu sous le pseudonyme de ZachXBT. Le mode opératoire décrit était le suivant : les mis en cause proposaient aux propriétaires de ces œuvres de cryptoart, qui étaient des images statiques, de les “animer” via un site Internet. Un site de hameçonnage était caché derrière, qui conduisait les victimes à céder sans le savoir la propriété de leurs NFT.

Selon Christophe Durand, “les pirates récupéraient le singe et blanchissaient l’argent grâce à un ‘mixeur’, un mélange de transactions agglomérées de sorte qu’on ne parvienne pas à les retrouver”. “Des ‘mules’ acceptaient les transferts pour décaisser l’argent en espèce, avec rétribution”, a ajouté l’officier de l’OCLCTIC.

Saisies judiciaires

Selon le parquet de Paris, cinq victimes ont été isolées à ce stade pour le vol de 7 NFT. L’une d’entre elles se serait fait subtiliser à elle seule 3 NFT, pour un préjudice total évalué à 2,5 millions de dollars. Au moins cinq NFT d’images de singe auraient été subtilisés, dont l’un estimé à lui seul près d’un million de dollars.

L’OCLCTIC a placé sept personnes en garde à vue, cinq jeunes nés entre 1998 et 2003, habitant Paris, Caen et Tours, et les parents de l’un d’eux, selon le parquet, qui a précisé que les deux parents avaient été relâchés sans poursuite à ce stade. Les cinq jeunes ont été placés sous contrôle judiciaire, bien que deux d’entre eux, déjà identifiés par l’enquête de ZachXBT, avaient fait l’objet de réquisitions de placement en détention provisoire.

Parmi les cinq mis en examen, deux sont suspectés d’avoir réalisé le site et le marketing, les trois autres la publicité et les opérations de blanchiment, selon M. Durand. “Les NFT revendus n’ont pas encore été retrouvés”, a indiqué le parquet de Paris. La justice a saisi auprès de l’un des deux principaux mis en cause un NFT acheté avec l’argent gagné (en Ethereum), “un compte bancaire avec 150 000 euros et un appartement à Paris”, selon le parquet.

“C’est la première fois que la section cyber du parquet de Paris réalise une saisie de NFT en lien avec l’Agrasc”, l’agence de recouvrement des avoirs saisis, s’est félicité Vincent Plumas, le porte-parole du parquet de Paris. Les propriétaires des Bored Ape se réunissent dans le “Bored Ape Yacht Club”. Parmi ses membres affichés, le footballeur du PSG Neymar, Paris Hilton ou le rappeur Eminem.