Bing Guan, Go Nakamura, Kitra Cahana, Mark Abramson et Ariana Drehsler sont cinq photojournalistes de nationalité américaine travaillant à la frontière américano-mexicaine. Leurs images, pour la plupart diffusées par d’importantes publications américaines et internationales, documentent la situation calamiteuse de la frontière sud de leur pays.
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Depuis l’investiture de Donald Trump et sa solution radicale d’ériger un mur entre les États-Unis et le Mexique, il est plus difficile que jamais pour les personnes souhaitant immigrer dans le pays de l’Oncle Sam de s’y rendre sans risquer leur vie. Devant ces manquements aux droits de l’homme, des photographes du monde entier viennent documenter la zone.
Cette année, le prestigieux concours de l’image presse de l’année attirait l’attention sur cette frontière en décernant son premier prix à la photographie d’une fillette hondurienne en larmes entre les États-Unis et le Mexique, au côté de sa mère se faisant fouiller par un policier américain.
Le long de cette frontière, où il est difficile de savoir comment la police traite ceux qui tentent de parvenir jusqu’aux États-Unis, le travail des reporters est crucial. Munis de leurs appareils photo, ils rapportent les preuves de ce qu’endurent les émigré·e·s.
Un contrôle ciblé
Il semble cependant que le gouvernement américain tente d’étouffer ce travail essentiel. C’est en tout cas ce que rapportent Bing Guan, Go Nakamura, Kitra Cahana, Mark Abramson et Ariana Drehsler, qui se sont rendu compte qu’ils étaient fichés par le gouvernement.
Les cinq photojournalistes américains portent plainte contre le gouvernement américain pour atteinte à leur droit du premier amendement, amendement qui garantit, entre autres, la liberté de la presse dans le pays. Selon PetaPixel, les photographes reprochent au gouvernement de les avoir arrêtés pour la Secondary Security Screening Selection (soit la “sélection pour dépistage secondaire de sécurité”, une sorte de contrôle aléatoire) afin de les interroger sur leur travail relatif à la frontière :
“Quand j’ai vu ma photo dans un dossier secret du gouvernement, je me suis rendu compte que mon contrôle à la Secondary Security Screening Selection n’avait pas été arbitraire mais que j’avais été ciblé par mon propre gouvernement pour avoir rapporté les conditions de la frontière”, raconte Bing Guan, un des photographes.
Les photojournalistes ont été interrogés à propos de leur travail et des gens avec qui ils avaient collaboré. On leur aurait même demandé de dénoncer, à l’aide de photos, “les instigateurs qu’ils reconnaissaient”. “Leurs notes et leurs appareils ont été fouillés et un agent des frontières a même pris en photo les images de l’un des journalistes grâce à son smartphone”, rapporte PetaPixel. Bref, les cinq photographes ont été traités comme de potentiels criminels.
Une liberté de la presse menacée ?
En plus de demander le remboursement de leurs frais d’avocats, Bing Guan, Go Nakamura, Kitra Cahana, Mark Abramson et Ariana Drehsler demandent que la justice reconnaisse la violation du premier amendement, la suppression des informations rassemblées lors de leurs interrogations et, enfin, ils exigent la diffusion de toutes les parties avec qui ont été partagées ces informations.
PetaPixel précise que cette poursuite en justice survient huit mois après qu’un lanceur d’alerte a révélé que le gouvernement gardait un “dossier secret” sur les journalistes travaillant à la frontière. Il semble qu’il ne fait pas bon vouloir raconter les agissements du gouvernement de Trump.