A priori, quand on pense à The Handmaid’s Tale, la série Hulu adaptée du roman éponyme de Margaret Atwood, “romantique” n’est vraiment pas l’adjectif qui nous vient à l’esprit. Pourtant, ça n’a pas empêché ces jeunes mariés et le couple de photographes qui a immortalisé leur union de taper la pose et s’embrasser devant le mur des pendus, entourés de Handmaids prostrées.
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Ce décor de béton, qui même hors contexte n’inspire pas vraiment la romance, est érigé dans la ville de Cambridge, au Canada. Il a notamment servi à la série pour représenter les exactions du régime de Gilead. C’est en effet à ce mur que sont pendu·e·s les dissidents, les “traîtres à leur genre”, c’est-à-dire les personnes LGBTQ+, et autres servantes rebelles. Quant aux handmaids, leur silhouette rouge et blanche est devenue le symbole des luttes pour les droits des femmes depuis la saison 1.
Pourtant, les photographes Van Daele & Russell ont cru bon utiliser ce funeste décorum pour le mariage de leurs clients, comme on se prend en photo devant les chutes du Niagara. Et à l’instar du costume “sexy” de servante il y a tout juste un an, il n’a pas fallu longtemps aux réseaux sociaux pour réagir au mauvais goût manifeste de la démarche. Une indignation devenue virale, à laquelle Shawn Van Daele, l’un des deux photographes, a tenu à répondre. Sa défense est pour le moins… surprenante :
“C’était un hommage à la série, puisqu’ils se mariaient sur le lieu du tournage. Le couple, tout comme nous, est super fan de la série et, évidemment, du livre. […] Je savais qu’en créant cette image cela allait irriter des gens, mais c’est aussi le but… RÉVEILLER LES GENS. Tout le monde aime une bonne chasse aux sorcières… Apparemment, c’est nous les sorcières aujourd’hui”.
Cet été déjà, on découvrait avec stupéfaction que Kylie Jenner avait donné une fête dont le thème était The Handmaid’s Tale. Dans une vidéo postée sur son compte Instagram, on y voyait les invitées accueillies par des servantes, et tout excitées de pénétrer dans un Gilead reconstitué, se félicitant au passage d’être “trop belle” dans leur costume d’esclave. On rappelle que le sort réservé aux handmaids, dont l’existence est vouée à être des utérus à disposition de leurs maîtres, viols rituels à l’appui, fait directement écho au traitement des femmes partout dans le monde et ce, depuis des siècles.
© Van Daele & Russell
Selon le photographe de mariage, tout cela était en fait très calculé et avait pour objectif de faire bouger les esprits. Le but de la démarche n’est pas très clair, et Shawn Van Daele, devant l’ampleur de l’indignation que sa photo a causée, se contredit plusieurs fois entre le droit de réponse envoyé à Vulture et le commentaire posté (et depuis effacé) sur les comptes Facebook et Instagram de son agence. Ses justifications embarrassées n’en deviennent alors que plus confuses. On pouvait notamment lire sur ses pages :
“Ce qui est triste, c’est que tout le monde a réagi exactement comme on s’y attendait — tout comme à Gilead — et les gens passent à côté d’une opportunité de penser par eux-mêmes, de s’éduquer et devenir des ACTIVISTES ENGAGÉS au lieu de s’agiter derrière leur clavier.”
Puis, sur Vulture :
“Nous avons discuté de plusieurs options [avec le couple marié, ndlr] mais nous avons conclu que des handmaids qui marchent étaient une meilleure alternative que des cadavres pendus. Ils ont vu la photo avant que je la poste mais aucun de nous n’avait anticipé la réaction des gens. […] Ce n’était pas pour se moquer. On s’est plus dit ‘on devrait photoshoper des handmaids‘, ça nous semblait plus logique. J’enseigne Photoshop”, précise Shawn Van Daele, qui n’a pas dû regarder de bien près le résultat de son montage douteux.