Quand les arrêts de bus se transforment en œuvres d’art

Quand les arrêts de bus se transforment en œuvres d’art

Stephen Calcutt photographie les rues de Birmingham à travers les vitres détériorées des arrêts de bus. Une nouvelle manière de réunir street art et photographie. 

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Ce qui est passionnant avec les photographes de rue, c’est qu’ils ont la capacité de remarquer des détails du quotidien auxquels le commun des mortels ne fait pas attention. C’est notamment le cas du photographe anglais Stephen Calcutt, qui porte un regard différent sur notre mobilier urbain. En effet, avec sa série Bus Stop, l’artiste nous livre d’étonnantes images de graffiti qu’il a capturées sur des Abribus de Birmingham en Angleterre.

Comme il l’explique sur son site, s’il ne remet absolument pas en question le fait que le street art soit un courant majeur de l’art contemporain, il se questionne tout de même sur la qualité de certaines inscriptions griffonnées rapidement : “Le graffiti peut être un grand art, mais pour moi ces graffiti gravés, griffonnés et rayés dans les fenêtres en plexiglas de l’arrêt d’autobus sont plutôt des formes de dégradations.” L’artiste, fasciné par ces inscriptions, fait rapidement un parallèle avec notre vue. Pour lui, altérer la transparence de ces fenêtres, c’est d’une certaine manière troubler notre vision. Il les compare alors à une détérioration de la vue :

“Je n’ai pas encore vu une seule de ces gravures qui m’a semblée grandiose et être dans son ‘bon droit’. Mais j’y vois aussi une fenêtre pleine de potentiel, une sorte de barrière entre nous-même et les éléments, car la vue est compromise, obscurcie, déformée et troublée par les rayures.”

Un nouveau filtre pour voir le monde

Il a donc su utiliser son intérêt pour ces arrêts de bus détériorés dans un but artistique, en les photographiant tout simplement. Il nous livre des images réalisées dans les rues de Birmingham à travers ces vitres marquées. Les plaques rayées deviennent des sortes de filtres, qui nous montrent une autre vision du réel. Le rendu est très graphique, à la fois abstrait et presque pictural. Sur son site, l’artiste développe :

“Je pose mon appareil photo face aux rayures et je laisse généralement l’image aller plus loin que ma mise au point. C’est avec ce processus que j’améliore l’image puisque je fusionne à la fois les graffiti et le paysage. Certaines photos sont plus abstraites que d’autres, mais à première vue, elles ressemblent presque toutes à des peintures. J’aime le fait que ça ne soit presque pas des photos, ça résonne avec mon engagement passé pour la culture punk.”

En photographiant à travers ces fenêtres rayées, l’artiste superpose street art et photographie et forme une œuvre composite. Ce travail a déjà été remarqué par des professionnels de l’art puisque la série sera présentée à la Biennale d’art de Londres au printemps prochain.