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Bienvenue dans l’univers mi-barré mi-chic de Darby Routtenberg

Bienvenue dans l’univers mi-barré mi-chic de Darby Routtenberg

Par Sirine Azouaoui

Publié le

Un hommage à la pop culture dans des photos décalées et des montages absurdes.

© Darby Routtenberg

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“Fauxtographer et fauxtoshop”, voilà comment se présente Darby Routtenberg sur Instagram. Si on ne l’avait toujours pas compris, la photographe adepte du collage numérique ne se prend pas vraiment au sérieux. Ses clichés sont parfois girly, parfois bling-bling, souvent barrés et drôles. Hommage à la culture pop et amour de la mode y sont toujours mis à l’honneur.

Son compte Instagram, nommé “Join the club sandwich”, est un hymne au mauvais goût et à l’autodérision… en fringues griffées. Elle se retouche en imperméable Burberry en partageant un thé avec la reine d’Angleterre, ou sur une plage avec un bob Dior et une chemise des années 1990 bleu flashy à motif tribal.

À côté de ses projets de “fauxtoshop”, Darby Routtenberg fait des photos à son image : créatives et hautes en couleur. Pour sa série Queer Superhero, Darby Routtenberg cherchait à mettre en images la vie de couple banale de deux héroïnes en combinaison latex afin d’offrir une représentation queer au sein de la culture populaire, car une telle image lui a cruellement manqué en grandissant.Je voulais créer ces personnages pertinents à notre époque. Je pense que la pop culture devrait nous refléter tous”, détaille-t-elle.

Des mamies hype pour dénoncer l’âgisme

© Darby Routtenberg

Les photos dont l’esthétique est certainement la plus parlante sont celles de Hypebubbies, publiées dans l’édition américaine de L’Officiel. “Bubby” est un mot en yiddish qui signifie “grand-mère”. L’idée de la série est venue d’un cliché de sa mamie en manteau de fourrure et baskets Raf Simons, qui a fait fureur. “Elle était tellement fière, elle l’a montré à tous ses amis… Mon grand-père a même décidé de l’encadrer et de l’accrocher au mur.”

Au cinéma, au supermarché, dans la rue, Darby Routtenberg a donc pris en photo sa grand-mère et ses amies habillées en streetwear griffé : bob Kangol, pochette Louis Vuitton ou ensemble Gucci. Les septuagénaires ont adoré l’expérience, ce qui a donné envie à la photographe de dénoncer l’âgisme et le sexisme de nos sociétés.

“Les écouter m’a vraiment ouvert les yeux sur le fait que l’on donne aux femmes une date d’expiration. Quand une femme arrive à un certain âge, elle devient ‘obsolète’. Elle n’est pas reconnue comme un être sexuel, comme un être social qui a des besoins, des désirs et des rêves.”

De la mode à la nourriture

© Darby Routtenberg

Darby Routtenberg est elle-même passionnée de mode. Son style “années 2000” et streetwear est le résultat d’années d’introspection : La mode m’a permis de m’explorer moi-même et d’expérimenter avec différents styles jusqu’à ce que je sois confiante et que je me sente bien dans ma peau.”

De la mode à la nourriture, il n’y a qu’un pas, et la photographe le saute à grands coups de références pop. Génial, brillant, drôle, délicieux, dans tous les sens, magnifique”, répond Darby Routtenberg quand elle doit parler de bouffe.

Son dernier projet veut décortiquer nos rapports à la nourriture, ce besoin primaire, “comment quelque chose d’aussi simple peut être aussi complexe et avoir autant de sens différents”. Ses photos dépeignent ainsi la relation de chacun à l’alimentation, avec tout ce que cela comporte comme significations psychologiques ou économiques.

Esthétique et références pop pour parler à tout le monde

© Darby Routtenberg

La photographe se qualifie d’“être réellement social”, qui pourrait parler à un mur. C’est sûrement ce qui a forgé son attrait pour la pop culture et pour des thèmes auxquels beaucoup peuvent s’identifier. Darby Routtenberg veut utiliser des références qui parlent à tout le monde. “J’adore la pop culture parce que c’est la culture populaire qui est par essence une partie de l’inconscient collectif”, indique-t-elle.

Son esthétique exubérante et criarde n’est pas revendiquée comme un enjeu politique et social. La photographe explique plutôt jouer avec l’imagerie kitch pour donner du sens à son propos : elle choisit un concept, une idée de couleurs, puis échafaude l’esthétique et la mise en scène.

Pour le reste, elle laisse le spectateur interpréter ses photos. Avoir une image globalement ‘attirante’ est probablement l’un des points les plus importants dans la création d’une photo pour moi.” Elle pense que tout le monde veut regarder quelque chose d’esthétiquement plaisant, “et peu importe si ça sonne superficiel. C’est comme ça que j’aime attirer mon public qui, je l’espère, découvre ensuite un sens plus profond à l’image.”

© Darby Routtenberg

© Darby Routtenberg

© Darby Routtenberg

“Queer Superhero”. (© Darby Routtenberg)

“Queer Superhero”. (© Darby Routtenberg)