Anna Motschmann, photographe allemande de 21 ans, compose des images qui nous invitent dans son monde romancé, au parfum d’insouciante insolence. La jeune photographe s’approprie avec aisance et talent les nouveaux codes et courants visuels.
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C’est à l’âge de 14 ans qu’Anna Motschmann commence à s’amuser avec un appareil photo. À la recherche de tout ce qu’elle trouve de beau, elle a fini, nous confie-t-elle, par accumuler d’innombrables prises similaires, c’est-à-dire, soit des fleurs, soit des papillons. Elle prend conscience de sa passion pour la photo lors de son année de césure en Australie à 19 ans.
L’iPhone, son premier pas vers la photo
Anna Motschmann n’a que son iPhone lorsqu’elle quitte l’Europe pour partir vivre en Australie un an. Elle prend très vite goût à montrer sa vision des choses à travers ses photos du quotidien. À sa grande surprise, ses images plaisent, et d’après ses amis, elles ont quelque chose de différent.
Ainsi, encouragée par son entourage, Anna Motschmann commence à prendre un peu plus au sérieux son désir de faire de la photo et lorsqu’elle rentre en Allemagne, elle s’achète un appareil digne de ce nom.
Elle emménage ensuite à Berlin, armée de son nouvel appareil et surtout de solides convictions quant à sa passion : la jeune photographe se lance. Très vite, elle cible ce qu’elle aime faire : photographier les gens pour recréer des scènes issues de son imagination : “Je ne suis pas seulement là pour capturer l’instant présent, ce qui me plaît quand je photographie des gens, c’est de pouvoir les transformer en ce que je veux. Ils deviennent mes petites œuvres d’art.”
Des rêveries visuelles
La jeune Berlinoise ne se contente pas de photographier ce qui lui plaît : elle façonne l’image à son goût au millimètre près, elle s’occupe du stylisme, du décor et elle oriente l’attitude de son modèle. C’est pour cela qu’elle répète qu’elle compose des personnages qui racontent une histoire imprégnée de sa façon de voir le monde.
Toutefois, elle précise que ses shootings sont très spontanés et qu’elle joue avec la situation en jonglant avec les idées farfelues qu’elle a déjà en tête et ses ressentis sur le moment. Elle aime également jouer avec le hasard et tente de le dompter. En effet, elle précise que durant ces séances, elle fait beaucoup d’essais. Ainsi s’opère un réel ping-pong entre ce qui fleurit dans sa tête et le réel. Elle raconte que, la plupart du temps, les modèles portent ses propres vêtements, ainsi qu’un rouge à lèvres, le premier qui lui tombe sous la main.
Les surprises inspirantes du quartier de Kreuzberg
Si elle aime le rendu impeccable des photos prises en studio, elle ajoute qu’elle prend beaucoup de plaisir à capturer ses images dans la ville. Notamment dans les rues du quartier berlinois de Kreuzberg, anciennement Berlin Ouest, que certains définissent comme un quartier punk ou alternatif. Flâner dans Kreuzberg et se laisser guider par les surprises du décor est pour elle un ingrédient majeur de son travail.
On retrouve de nombreuses photos d’Anna Motschmann dans un environnement urbain prenant notamment pour cadre les jardins et les terrains de jeu du quartier. Ses personnages, ces rêveurs désobéissants prennent encore plus d’aplomb dans de tels décors. Les courants de pensée et les tendances du quartier ont sûrement une influence sur son univers et lui donnent ce cachet particulier, cette beauté désinvolte.
Un amour pour les banquettes du métro
La photographe nous confie qu’elle ne se sépare jamais de son petit carnet rempli d’idées de photos, de personnages, de situations, qu’elle noircit sur les banquettes du métro berlinois. Des voyages quotidiens pour laisser libre court aux errances de son esprit. Elle ajoute que, pour elle, certains de ses troubles psychologiques comme la dépression peuvent être sublimés par cette thérapie créatrice.
Par ailleurs, elle s’inspire également en noyant ses yeux continuellement dans les sources visuelles du Net telles que Tumblr, Instagram et Pinterest. Un faisceau d’images qui imprègnent puis se mélangent à son imaginaire pour donner naissance à des idées plus concrètes, qu’elle note ensuite dans son carnet de poche.
Anna Motschmann est une photographe dans l’ère du temps et elle ne s’en cache pas. Elle affirme aussi qu’elle a confiance en sa propre flamme créatrice qui l’empêche de succomber aux considérations extérieures ou contraires à son imagination.
Suivez son travail sur Instagram. Pour les amateurs de cactus et de belles crinières, jetez un coup d’œil à sa série Boubacar qui vaut le détour.