Au Congo, les rois et reines de la Sape célébrés dans un beau livre photo

Au Congo, les rois et reines de la Sape célébrés dans un beau livre photo

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© Tariq Zaidi

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Par Lise Lanot

Publié le

"Les Blancs ont inventé les vêtements, mais nous en faisons un art."

Tariq Zaidi est parti à la rencontre de la Société des ambianceurs et des personnes élégantes (la Sape) et de ses membres, les célèbres sapeurs du Congo. Entre 2017 et 2019, le photographe a immortalisé des visages de sapeurs, mais aussi et surtout de sapeuses et d’enfants adeptes de la sapologie, des visages qu’on connaît moins.

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Son ouvrage Sapeurs. Ladies and Gentlemen of the Congo présente ces amoureux·ses de la sapé, tiré·e·s à quatre épingles, dans les rues de Brazzaville et Kinshasa. Il les immortalise en train de poser ou de se préparer, livrant un véritable bréviaire de mode et de style.

Marie-Jeanne Ntsimba, femme d’affaires de 52 ans et sapeuse depuis ving ans ; Okili Nkoressa, écolier de 10 ans et sapeur depuis cinq ans ; et Judith Nkoressa, policière de 39 ans et sapeuse depuis 18 ans, à Brazzaville, en 2017. (© Tariq Zaidi)

En légende de chaque photo, Tariq Zaidi indique les nom, âge et emploi de ses modèles – en plus de détailler les pièces portées et leur ancienneté au sein du mouvement :

“La plupart d’entre eux ont des emplois assez communs, ils travaillent dans la police, conduisent des taxis, taillent des costumes ou s’occupent de leurs enfants à la maison, mais dès que leur journée est terminée, ils se transforment en dandies débonnaires.

En général, ils économisent pendant des années ou empruntent de grosses sommes d’argent pour remplir leur somptueuse garde-robe. Ils se prêtent aussi leurs vêtements pour donner une impression d’affluence, achètent leurs habits dans des boutiques de mode à Brazzaville et Kinshasa ou se font tailler des costumes sur mesure”, raconte le photographe dans son ouvrage.

Jean Claude Yamea Bansimba, maçon de 58 ans et sapeur depuis cinquante ans, à Brazzaville, en 2017. (© Tariq Zaidi)

Un mouvement lourd de significations et d’élégance

Né entre le XIXe et le XXe siècle, on raconte que le mouvement se serait construit en opposition aux colons belges et français “afin de combattre la supériorité coloniale”. Dans les années 1960, après l’indépendance de la République démocratique du Congo et de la République du Congo, la Sape prend son envol.

Ses adeptes rejettent ou transforment le traditionnel costume du colon, l’agrémentant de pièces cintrées et colorées, et d’accessoires – de quoi permettre au célèbre artiste zaïrois Papa Wemba d’affirmer : “Les Blancs ont inventé les vêtements, mais nous en faisons un art.”

Nkodia Aurelie, femme d’affaires de 48 ans et sapeuse depuis 36 ans, à Brazzaville, en 2019. (© Tariq Zaidi)

Les années 2000 ont permis à la Sape de s’exporter davantage à l’international, du Japon aux États-Unis, se taillant une place de choix au sein de l’héritage culturel congolais. En 2012, Solange Knowles tournait le clip de “Losing You” entourée de sapeurs.

Trois ans plus tard, Gims sortait, en featuring avec Niska, son tube “Sapés comme jamais”, qui n’oubliait pas de mettre à l’honneur la diaspora honorant la Sape en Europe. En mettant en lumière hommes, femmes et enfants, Tariq Zaidi rend hommage à la richesse passée et présente du mouvement, tout en s’enthousiasmant pour ses évolutions futures.

Natan Mahata, écolier de 8 ans et sapeur depuis trois ans, à Kinshasa, en 2019. (© Tariq Zaidi)

Maxime Pivot Mabanza, prof de La Sape de 43 ans et sapeur depuis 36 ans, à Brazzaville, en 2017. (© Tariq Zaidi)

Clémentine Biniakoulou, femme au foyer de 52 ans et sapeuse depuis 36 ans, à Brazzaville, en 2017. (© Tariq Zaidi)

Ella Kiadi, femme d’affaires de 44 ans et sapeuse depuis huit ans, à Brazzaville, en 2019. (© Tariq Zaidi)

Basile Gandzion, directeur des ressources humaines de 51 ans et sapeur depuis trente ans, à Brazzaville, en 2017. (© Tariq Zaidi)

Israell Mbona, écolier de 5 ans et sapeur depuis trois ans, à Kinshasa, en 2019. (© Tariq Zaidi)

Francis Okiemi, écolier de 14 ans et sapeur depuis trois ans, et Steven Okiemi, écolier de 9 ans et sapeur depuis un an, à Brazzaville, en 2019. (© Tariq Zaidi)

Six Lokoto, mannequin de 28 ans et sapeur depuis vingt ans, à Kinshasa, en 2019. (© Tariq Zaidi)

Couverture de “Sapeurs. Ladies and Gentlemen of the Congo” de Tariq Zaidi, publié aux éditions Kehrer Verlag.

Le livre photo Sapeurs. Ladies and Gentlemen of the Congo de Tariq Zaidi est disponible aux éditions Kehrer Verlag.