La mannequin australo-soudanaise Adut Akech, qu’on peut voir sur la couverture du mois de septembre du Vogue britannique imaginée par Meghan Markle, faisait la semaine dernière l’objet d’un article dans la publication australienne Who Magazine.
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Dans un entretien, la jeune femme prenait position sur “la façon dont sont vu·e·s les réfugié·e·s et l’attitude des gens envers les couleurs de peau en général”. Malheureusement, à côté de son témoignage dénonçant le racisme, le magazine a imprimé la photo d’une jeune femme noire qui n’est absolument pas Adut Akech, mais la modèle Flavia Lazarus, noire également. La légende indique pourtant bien le nom de la première.
Adut Akech et Flavia Lazarus. (Via Instagram)
Révoltée, la jeune femme a tenu à s’exprimer sur son compte Instagram, dénonçant le racisme ambiant de la société australienne mais aussi des domaines de la mode et des médias. “Je pense que ce ne serait pas arrivé avec une mannequin blanche”, a déclaré Adut Akech, qui déplore également l’ignorance crasse de celles et ceux qui “pensent que toutes les filles noires et toutes les personnes d’origine africaine se ressemblent”.
“J’ai beaucoup réfléchi ces derniers jours à la façon dont gérer cette situation, qui a vraiment du mal à passer.
Pour celles et ceux qui ne sont pas au courant, la semaine dernière, le magazine australien Who Magazine a publié un article sur moi. […] Avec l’article, ils ont publié une photo, en disant que c’était moi. Mais c’était une autre fille noire.
Ça m’a perturbée, ça m’a mise en colère, j’ai eu l’impression qu’on me manquait vraiment de respect et pour moi, c’est inacceptable et inexcusable en toutes circonstances. Non seulement, je me sens moi-même insultée et méprisée mais j’ai aussi l’impression que ce sont toutes les personnes noires qui sont méprisées de la sorte et c’est pour ça que je veux m’exprimer sur le sujet.
La personne qui a fait ça a clairement cru que c’était moi sur cette photo et ce n’est pas acceptable. C’est un gros problème parce que c’était le sujet de mon entretien. Cet acte a complètement anéanti le propos même de ce dont je parlais et ce pour quoi je m’élevais. Cela prouve à quel point les gens sont tellement ignorants et fermés d’esprit qu’ils pensent que toutes les filles noires et toutes les personnes d’origine africaine se ressemblent.
Je pense que ce ne serait pas arrivé avec une mannequin blanche. Le but de cette publication n’est pas de cogner sur Who Magazine – ils se sont déjà excusés auprès de moi – mais je ressens le besoin de m’exprimer publiquement. J’ai été profondément affectée par cela et nous devons avoir une conversation importante sur ce qui doit se passer. Je suis sûre que je ne suis pas la seule personne qui a vécu ça et ça doit s’arrêter. On m’a plusieurs fois appelée par le nom d’autres mannequins qui avaient la même appartenance ethnique que moi – c’est une preuve d’ignorance, d’impolitesse et de manque de respect pour moi comme pour elles, parce qu’on sait bien que ça n’arriverait pas à des mannequins blanches.
J’aimerais que cela sonne comme une prise de conscience pour les gens qui travaillent dans ce business : c’est inacceptable et vous devez mieux faire. Les publications à gros tirage doivent vérifier les faits avant de les imprimer, d’autant plus qu’il s’agit d’histoires vraies et d’entretiens, et pas de rumeurs. Pour celles et ceux qui travaillent pour les défilés et les séances photo, c’est important que vous ne mélangiez pas les noms des mannequins. Chère Australie, tu dois vraiment t’améliorer et ce message est valable pour tout le reste de l’industrie.”
Le magazine s’est rapidement excusé mais, pour Adut Akech, cette “erreur” est symptomatique d’un manque de respect bien plus général de la presse, de la mode et de la société en général vis-à-vis des personnes noires. De nombreuses célébrités et anonymes ont salué la prise de position de la mannequin et affirmé avoir vécu le même genre d’histoires. C’est en faisant monter ainsi les vagues de révolte et de mécontentement qu’on espère voir les choses changer.