Addictions, guerres et rébellions : les photos de Visa pour l’image exposent notre monde

Addictions, guerres et rébellions : les photos de Visa pour l’image exposent notre monde

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© Robert Deyrail/Gamma-Rapho via Getty Images

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Par Konbini avec AFP

Publié le , modifié le

Le plus célèbre des festivals français de photojournalisme revient pour raconter "l’actualité du monde dans son entièreté".

Bouleversement climatique ou intimité de l’être humain, guerre en Ukraine, mais aussi en Syrie, au Yémen, au Soudan : le festival international Visa pour l’image débute ce samedi 27 août à Perpignan, pour “montrer l’actualité du monde”, au-delà du thème dominant du moment. Jusqu’au 11 septembre 2022, la 34e édition de cet événement majeur du photojournalisme propose expositions, projections et débats mettant en valeur et expliquant le travail des photographes de presse.

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“Malheureusement, le monde continue en dehors de l’Ukraine […]. Il se passe des choses partout sur la planète dont, à cause de l’Ukraine, on ne parle plus. Et nous nous attachons à montrer l’actualité du monde dans son entièreté”, a déclaré à l’AFP Jean-François Leroy, fondateur de Visa en 1989 et toujours attaché à ne pas limiter le festival à un seul sujet, “aussi important soit-il”.

De l’interminable guerre afghane vue par Andrew Quilty de l’agence VU, aux rebelles birman·e·s dans l’objectif de Siegfried Modola et de l’apocalypse environnementale documentée par Alain Ernoult à l’impact de la pêche industrielle montré par George Steinmetz, 25 expositions sont au programme.

Comme la pandémie de Covid-19 l’année passée, l’actuelle guerre en Ukraine – qui fait la une des médias depuis février dernier avec l’attaque de la Russie, mais “gronde depuis huit ans aux portes de l’Europe”, rappelle Jean-François Leroy – ne pouvait évidemment pas être absente de Visa.

L’Ukraine et son contexte

Ainsi, l’exposition des photos de Sergei Supinsky, de l’AFP, qui a documenté la république soviétique, puis l’indépendance, la révolution de Maïdan en 2014 er la révolution orange, permet de recontextualiser le conflit d’aujourd’hui.

En outre, le festival comptera parmi ses invité·e·s Mstyslav Chernov et Evgeniy Maloletka, derniers journalistes à avoir couvert le blocus de Marioupol pour l’Associated Press et exfiltrés en mars par les médecins de l’hôpital de cette ville dévastée par les bombardements russes. “Comme tous les ans, il y a plein de coups de cœur : des photographes qui reviennent parce que lorsqu’ils font des choses intéressantes, on les reçoit avec plaisir, a ajouté le directeur de Visa.

“Sans répit”, la photographe libanaise Tamara Saade dénonce par ses images “la négligence et la corruption”, à l’origine de l’explosion chimique qui a ravagé une partie de Beyrouth en août 2020 et de la dépression économique dans laquelle s’enlise son pays. Françoise Huguier se met, elle, “‘Toute’ en retrait” pour dévoiler l’intimité d’un défilé de mode, d’arrière-boutiques coréennes ou des derniers appartements communautaires de Saint-Pétersbourg.

La complexité et la fragilité de l’humain sont aussi au cœur des “Chambres de l’esprit” de Valerio Bispuri sur le monde invisible de la maladie mentale, ou de la misère des États-Unien·ne·s “En marge” d’Eugene Richards.

Projections et débats

Six soirées de projections, qui font la signature de Visa, retracent les événements les plus marquants des douze derniers mois. Les images d’Ukraine, mais aussi du retour des talibans en Afghanistan, des conflits en Syrie, au Yémen et au Soudan seront ainsi à découvrir, ou à revoir, sur écran géant au Campo Santo, site médiéval emblématique de Perpignan. Des débats, conférences, hommages et rencontres avec des photographes émaillent aussi les journées du festival.

Le travail des médias pour “désarmer les fake news” sera l’un des thèmes des échanges, Jean-François Leroy invitant à ne pas y voir “un clou de plus dans le cercueil du photojournalisme classique, mais plutôt un outil supplémentaire dans l’écosystème de l’information, pour enrichir le message que véhicule l’image”.

Les différents prix, qui récompensent les meilleurs reportages de l’année écoulée, seront remis à partir du 31 août, avec en point d’orgue le Visa d’or News, qui sera remis au cours de la soirée du 3 septembre et clôturera la semaine professionnelle.

Après deux années impactées par la pandémie, Jean-François Leroy et son équipe espèrent “retrouver un festival vraiment normal”, ouvert sur le monde et empreint de découvertes, de convivialité, avant que Visa s’expose aussi à La Villette, à Paris du 16 au 30 septembre 2022.

La 34e édition de Visa pour l’image a lieu à Perpignan du 27 août au 11 septembre 2022.