À bord de son bus magique, ce commissaire-priseur chasse les plus grands trésors cachés de France

À bord de son bus magique, ce commissaire-priseur chasse les plus grands trésors cachés de France

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Par Konbini avec AFP

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Bienvenue à bord de "l’Expertibus" de Marc Labarbe, qui sillonne la France et expertise de nombreux objets d’art.

Tel le boulanger ou le boucher sillonnant les villages isolés, un commissaire-priseur arpente les zones rurales autour de Toulouse : à bord de son “Expertibus”, Marc Labarbe accueille les curieux·ses, en quête des trésors restés cachés dans les greniers. “Quand j’ai commencé, on souriait autour de moi. Aujourd’hui, au vu des résultats, je pense qu’on rigole un peu moins”, affirme l’expert, assurant que son investissement initial de 150 000 euros sera “amorti en un temps record”.

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Depuis le printemps dernier, une à deux fois par semaine, le camion, tatoué du message “ici expertises gratuites” sur sa carrosserie bleu nuit, s’installe sur les places et les parkings de Haute-Garonne et du Gers. La semaine passée, il était à Rieumes, petit bourg à environ 40 kilomètres au sud de Toulouse. Le vent glacé n’a pas refroidi les habitant·e·s qui patientent en attendant le verdict de l’oracle.

Sylvie Dubois, 65 ans, est la première à le consulter. Avec sous le bras une huile sur toile aux couleurs chatoyantes, elle pénètre dans l’habitacle réchauffé par un groupe électrogène. “Ah ! On commence par un Van Gogh, c’est parfait ! Entrez madame”, plaisante Marc Labarbe. L’entretien dure une petite demi-heure, Mme Dubois ressort “très satisfaite”. “C’est le genre de personne qu’il me faut car je suis en train de vider une maison à la suite d’un décès dans ma famille”, explique-t-elle.

“Contact humain”

Selon le commissaire-priseur qui participe également à l’émission TV Affaire conclue, les gens apprécient l’Expertibus car “ils aiment le contact humain” et “n’ont pas forcément envie de prendre la voiture pour aller à la grande ville”. Leurs motivations sont variables : vendre des bijoux qui pourraient leur être volés, compléter de modestes pensions de retraite ou simplement se débarrasser de vieux objets dont ne veulent pas leurs enfants.

De l’argenterie, d’anciennes revues reliées, une grande photo de l’équipe de France de foot de 1986 signée par tous les joueurs, ou encore des gravures japonaises du XIXe siècle : au fil de la matinée, les objets les plus divers défilent. Michel Cruz, cheveux blancs, en survêtement et doudoune, est venu du village voisin de Sabonnères. Dans son sac de plastique rouge, un vieux violon abîmé, mais porteur d’une signature : “Matteo Goffriller, Venise 1726”, du nom d’un très célèbre luthier italien.

“L’étiquette est bonne, pas bonne je ne sais pas, il faut voir”, affirme M. Cruz. Face à l’instrument, Marc Labarbe joue la prudence : “Il y a des violons qui ne valent rien et puis on en a eu un qui a fait 17 000 euros”, raconte-t-il, ajoutant : “Je vais envoyer ça à un expert cet après-midi et je vous rappelle.”

“Signé… Verlaine”

C’est maintenant au tour de deux dames : venue avec sa voisine, Catherine Richard, 66 ans, veut montrer un vase signé Lalique qu’elle a trouvé au pied du conteneur à verre de son village. “Entre 6 et 800 euros”, lui prédit Marc Labarbe. Quant à la voisine, qui souhaite garder l’anonymat, elle étale sur la table du commissaire-priseur des documents sous plastique.

M. Labarbe en scrute un premier qu’il saisit délicatement. “C’est un courrier à l’encre daté du 18 février 1888… Et il est signé : ‘Votre bien dévoué Paul Verlaine’.” Visiblement ému, le commissaire-priseur marque un temps d’arrêt, avant de poursuivre : “C’est quand même extraordinaire, c’est ça qui est beau dans le métier, trouver des choses comme ça.”

Les surprises ne s’arrêtent pas là : la vieille dame aligne également une lettre du cardinal de Richelieu, puis une autre du baron d’empire Dominique-Jean Larrey, un médecin toulousain considéré comme le père de la médecine d’urgence. Enfin, elle dévoile, dans son fin cadre doré, un autoportrait à l’encre de Jean Cocteau, intitulé Jean l’Oiseleur numéro 5.

Marc Labarbe interroge : “Mais comment avez-vous eu tout ça ?” “C’est mon mari aujourd’hui décédé qui avait placé de l’argent là-dedans, ça fait bien dix ans”, lui répond la retraitée. Rendez-vous est pris pour poursuivre l’échange et potentiellement voir comment mettre ces trésors en vente. Les yeux brillants, le commissaire-priseur n’en revient pas : “Quelle journée !” Prochaine étape pour l’Expertibus : le 27 janvier, sur le parking du stade de Samatan, dans le Gers.