11-Septembre : un photographe confie comment il a documenté les attentats

11-Septembre : un photographe confie comment il a documenté les attentats

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© HUM Images/Universal Images Group via Getty Images

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Par Lise Lanot

Publié le , modifié le

"Je n’oublierai jamais ces personnes qui entraient dans un immeuble en feu pour aider leurs collègues."

Ce mardi 11 septembre 2001, Frank Lee Ruggles se dirigeait bille en tête vers la Maison-Blanche pour immortaliser un incendie qui touchait apparemment le domaine présidentiel. Pour PetaPixel, le photographe s’était remémoré, en 2019, le déroulé de cette journée, qui avait débuté de façon si “calme et belle”.

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La mission, commandée par l’agence Associated Press, commence à se montrer compliquée dès le départ : la route 66 est “complètement arrêtée pour on ne sait quelle raison”, se rappelait le photographe. Assez vite, il se rend compte que l’agitation vient plutôt du Pentagone.

Il distingue des nuées de personnes sortir du bâtiment, certaines sont couvertes de sang, elles ont l’air sous le choc mais, “étonnamment”, notait Frank Lee Ruggles, “aucune d’entre elles ne criait ou ne paniquait, […] elles restaient calmes”. L’homme ne sait pas encore qu’un avion vient de s’écraser sur le siège du département de la Défense, à Washington.

C’est peut-être parce qu’il ne sait pas ce qu’il se passe que le photojournaliste se rend à l’intérieur de l’édifice. Là-bas, l’ambiance est “chaotique”, la fumée est épaisse, les vitres ont toutes explosé, des débris jonchent le sol. Frank Lee Ruggles se souvenait avoir été arrêté par un colonel ayant remarqué son attirail photo. “Il nous a dit : ‘Ce n’est pas un événement presse.’ […] Je l’ai regardé et je lui ai dit : ‘Non, c’est un événement historique.’

“Je n’oublierai jamais, merde, je n’oublierai jamais rien de tout ça”

À ce moment, alors qu’il est encore trop secoué pour penser à prendre des images, le photographe entend un militaire hurler à tout le monde de “dégager de là” parce qu’“un autre avion se dirige vers nous”. Ce n’est qu’alors que Frank Lee Ruggles et son collègue Adam Paserman commencent à prendre conscience de la situation : “On a passé le reste de la journée à utiliser quatre pellicules pour documenter l’évacuation du Pentagone, coupés de toute communication et ignorant complètement ce qu’il se passait à quelques États de nous.”

Frank Lee Ruggles et Adam Paserman immortalisent les personnes tentant d’évacuer les lieux, mais aussi et surtout l’entraide générale : “Tout le monde a aidé quelqu’un d’autre ce jour-là, qu’il s’agisse d’une action héroïque dans un avion détourné ou d’un simple mot rassurant adressé à un inconnu. […] Je n’oublierai jamais les employés du Pentagone entrer dans un immeuble en feu pour aider leurs collègues. […] Je n’oublierai jamais. Je n’oublierai jamais. Merde, je n’oublierai jamais rien de tout ça.”

Comme nous le savons aujourd’hui, l’“autre avion” n’est jamais arrivé jusqu’au Pentagone, il s’est écrasé en Virginie et on ne sait toujours pas si c’est le Pentagone qu’il visait à nouveau. Les deux photographes ont eu la vie sauve et ont pu partager avec le monde les images prises lors de jour sanglant. Décédé en 2021, Frank Lee Ruggles laisse un héritage de ce moment qui marqua l’histoire des États-Unis.