S’affrontant sur le thème du gaspillage alimentaire sur le plateau d’ONPC, Yann Moix et Mathieu Kassovitz ont finalement sombré dans une violente guerre d’ego.
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A ma gauche le réalisateur de Podium, Goncourt du premier roman 1996, prix Renaudot 2013, disciple de BHL, officiant désormais chaque samedi soir au poste de sniper pour l’émission phare de Laurent Ruquier sur France 2. A ma droite un cinéaste au statut d’éternel outsider, auteur de La Haine, l’un des films les plus importants du cinéma français, mais aussi acteur dans de nombreuses productions françaises ou américaines et voix de la série documentaire à succès Apocalypse.
Ils s’affrontaient samedi soir sur le plateau d’On n’est pas couché, l’un des rings de boxe rhétorique les plus suivis des Français sur le petit écran. Enregistrée la veille des attentats du 13 novembre, l’émission n’était diffusée que le 2 janvier au soir. Au cœur du débat, le gaspillage alimentaire ; à ce sujet, le conseiller municipal de Courbevoie Arash Derambarsh venait s’exprimer et assurer la promotion de son ouvrage, Manifeste contre le gaspillage, préfacé par Mathieu Kassovitz.
Dès le début de l’échange, Yann Moix est littéralement pris en feu croisé sous les invectives de Mathieu Kassovitz ainsi que de l’élu DVD. “Vous faites partie du gotha”, entame Kasso à l’intention du chroniqueur, sur un ton qui ne se détendra jamais plus. Puis il passe au tutoiement, lui reprochant de n’avoir “pas aidé” : “T’as rien fait, ça ne t’intéresse pas”. Et d’exciter au passage Derambarsh qui l’accuse à son tour : “Ça ne l’intéresse pas la faim de tout façon”.
“T’es complètement à l’ouest !”
Moix reprend alors la main, pointant du doigt une des propositions du conseiller municipal, selon lui pas si neuve car déjà appliquée de manière “institutionnelle” au Japon – et d’égratigner Kassovitz au passage, selon lui “pas réveillé”. De quoi réveiller la colère du réalisateur de La Haine :
T’es complètement à l’ouest, tu dis n’importe quoi ! Tu vas chercher des conneries pour essayer de démonter un truc qui est indémontable ! […]
Yann Moix dénonce alors “un concours d’aboiement” jusqu’à ce que Laurent Ruquier intervienne pour demander à l’élu et au cinéaste de se calmer. Peine perdue, Kassovitz continue d’invectiver le chroniqueur à base de “Tu crois quoi ?” ou de “Sors des trucs intelligents”.
“On lui a fait fermer sa gueule, à Yann !”, applaudit alors Mathieu Kassovitz, l’intéressé lui reprochant ses “méthodes d’intimidation”. “Arrête de sourire ! Sois normal, mec !”, lui intime ensuite Kassovitz, visiblement agacé par le calme relatif du porte-flingues de Ruquier. Ce à quoi il lui répond, toutes dents dehors, “Vous voulez me frapper, peut-être ? […] Il est à deux doigts de m’en coller une”. Pour finir, pas de coups sur le plateau, mais un simple “Ducon” de la part de Kassovitz à l’intention de Moix.
Irréconciliables
Laurent Ruquier tente alors l’apaisement, laissant le temps à son chroniqueur de se plaindre sur le ton du “Dès que quelqu’un critique un tout petit peu un projet où tout le monde est censé applaudir, vous vous faitez huer”.
Dernier acte quand Léa Salamé, silencieuse jusqu’ici, s’exprime pour manifester vivement son droit de “poser des questions” sur l’ouvrage, s’attirant les applaudissements du public. Kasso et Derambarsh boudent bruyamment, Yann Moix sourit victorieusement, Laurent Ruquier siffle la fin de la récré.
On parie que le téléspectateur n’aura pas appris grand chose sur le gaspillage alimentaire et les propositions faites pour l’endiguer. Mais ce clash entre deux acteurs français du monde de la culture, repris par de nombreux titres de presse dès le lendemain, soigne encore davantage l’image ciselée à dessein par les producteurs de l’émission : ONPC est le seul plateau du PAF où tout peut arriver.
Mise à jour 4/01 à 17H45 :
Epilogue. D’après Puremédias qui rapporte une information du Figaro.fr, le conseiller municipal de Courbevoie Arash Derambarsh a l’intention de “porter plainte cette semaine contre Yann Moix pour diffamation à caractère aggravant“. Il poursuivait :
Je ne peux pas accepter d’être comparé de près ou de loin à un homme condamné pour abus de faiblesse, comme Christophe Rocancourt. Je suis un élu de la République, je suis un éditeur et je m’apprête à intégrer l’EFB, l’école de formation du barreau de Paris. Cette comparaison peut me porter préjudice dans mon métier. […] Je porte plainte pour restaurer mon honneur et ma dignité. Je ne vais pas me laisser traîner dans la boue !