Le médecin et blogueur Baptiste Beaulieu nous explique, en toute simplicité, pourquoi il vous arrive parfois de poireauter pendant des heures dans la salle d’attente de votre docteur.
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En attendant un rendez-vous chez le médecin, on s’est tous dit un jour ou l’autre : “C est pas vrai, mais qu’est-ce qu’il fout ?” Assis sur l’une de ces chaises inconfortables dont les salles d’attente ont le secret, votre téléphone étant en rade de batterie, vous êtes réduit à feuilleter sans passion un Public d’il y a trois ans. Derrière ces moments de solitude, il y a une réalité souvent à l’opposé de celle que l’on imagine. Non, ce n’est pas forcément de la faute d’une petite vieille qui ne comprend rien à son ordonnance. Non, ce n’est pas forcément de la faute d’une mère un peu trop inquiète qui refuse catégoriquement de donner du “saccharum” (du sucre…) à son petit bout. En effet, l’heure de retard qui vous est si insupportable est souvent une petite fenêtre pendant laquelle votre médecin de quartier (oui, oui, lui, le vieux moustachu) évite un drame, gère une crise, voire sauve une vie.
Baptiste Beaulieu, jeune médecin généraliste, s’est donc donné pour mission de nous l’expliquer avec les bons mots dans une petite vidéo (tournée sur son temps libre, pas sur celui dédié à ses patients, rassurez-vous), postée sur YouTube le 13 octobre. Il déroule ainsi l’une de ses semaine types, sur un ton léger, tendre et même cyniquement drôle.
“Mercredi, je reçois un patient qui avait prévu un rendez-vous pour un mal de dos. En fait, il faisait un infarctus… Le chieur quoi : BAM, il te tape un infarctus !” Les exemples du genre s’enchaînent et mettent au jour une vérité que beaucoup d’entre nous n’imaginent pas : un médecin généraliste, ça ne sert pas seulement à délivrer des certificats médicaux ou à prescrire de l’Amoxicilline. La petite salle d’attente qui vous rend fou peut voir passer des cas nettement plus graves que le vôtre, rappelle le praticien. “Mardi, les flics ont déposé dans ma salle d’attente un mec qui s’était fait poignarder dans la rue”, raconte-t-il. Comme pour s’excuser, il hausse les épaules et conclut : “Du coup je m’en suis occupé, ça m’a pris un peu de temps.”
Une porte ouverte sur le monde de la médecine
On peut être surpris par l’aisance et le naturel dont Baptiste Beaulieu fait preuve dans cette vidéo — par ailleurs plutôt bien montée. C’est parce qu’il n’en est pas à son premier coup d’essai : depuis 2012, il anime un blog et publie des livres dans lesquels il défend une vision humaine, sensible et citoyenne de la médecine. Après des articles comme “Que faire si je suis victime de violences médicales ?”, il peut passer sur son site à une fervente défense de la légalité de l’IVG. Mais ce qui fait le miel de son blog, c’est probablement cette multitude d’anecdotes récoltées chaque jour et qui, tour à tour, vous tirent des sourires ou des petites larmes (pour les plus émotifs d’entre nous).
Dans une autre vidéo, publiée à l’occasion de la sortie de son livre Alors voilà : 1001 vies des urgences (2013, Fayard), il explique que c’est la méconnaissance du milieu hospitalier par le citoyen lambda qui l’a poussé à créer son blog : “J’ai décidé de raconter l’équipe soignante […] les belles choses, les belles rencontres. Tout simplement parce que l’hôpital c’est un petit théâtre de la Comédie Humaine.” Et toujours avec ce petit air tendre qui vous donne envie de déménager illico pour aller faire soigner vos angines dans son cabinet, quitte à poireauter quelques heures.