Grâce à une intelligence artificielle, Uber va décider pour toi combien tu peux raquer

Grâce à une intelligence artificielle, Uber va décider pour toi combien tu peux raquer

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Par Thibault Prévost

Publié le

Les clients n’en sauront rien

Uber, qui a bien conscience des problèmes éthiques que pose immédiatement l’idée de laisser une IA profiler joyeusement sa base d’utilisateurs selon des critères socioprofessionnels, se défend de tout ciblage, assurant que “ça n’a rien d’individuel” et que la nouvelle tarification va faire baisser les prix du service de transport partagé UberPool… en faisant payer le prix fort aux plus riches, qui préfèrent le confort de la solitude d’UberX.
La compagnie a beau promettre que les passagers connaîtront toujours le prix de leur course avant de monter dans le véhicule, le problème n’est pas vraiment là : le souci, c’est que si un tel système venait à être généralisé par l’entreprise, les clients n’en seraient pas informés. Et si les inégalités de traitement passent mieux lorsqu’elles vont dans ce sens (les riches paient plus, les pauvres paient moins), elles n’en restent pas moins totalement arbitraires et surtout complètement opaques, les “riches” n’étant jamais informés par l’entreprise que l’IA leur a collé cette étiquette et que leurs trajets seront donc systématiquement surfacturés. Sans même parler du pouvoir immense conféré à la seule analyse de vos données personnelles…
Sur le plan strictement économique, enfin, Uber indique avoir mis en place ce nouveau système pour être à la fois plus transparent et plus généreux avec ses conducteurs, alors que la question de la rémunération des chauffeurs se fait de plus en plus insistante. Avec ce nouveau système, Uber transmettra aux chauffeurs le prix que paie le client… mais n’indiquera plus le pourcentage pris par la compagnie sur le tarif.
Les chauffeurs ont eux fait savoir que pour le moment, ils n’avaient pas constaté d’augmentation particulière de leurs tarifs. Là réside toute l’étrangeté de ce nouveau système, que l’entreprise semble tester depuis des mois sur ses clients… tout en continuant à payer les chauffeurs sur l’ancienne base. Selon l’entreprise, les recettes de cette nouvelle tarification seront à la fois utilisées pour payer les bonus des conducteurs et réinvesties pour optimiser le service dans son ensemble. Reste à savoir si Uber parviendra à résoudre l’équation qui le voit obligé de redresser à la fois son image et ses finances… sans perdre ses conducteurs et ses clients.

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